Absence de " mandat " nominatif
Les jeunes accompagnés ne le sont pas à partir d’une désignation nominative, par une autorité administrative ou judiciaire. C’est le principe cardinal de l’intervention, d’où découlent tous les autres. Absence de mandat nominatif ne veut pas dire absence de commande sociale.
La libre adhésion
C’est le seul principe que l’on trouve explicitement désigné dans l’arrêté du 04/07/72, c’est dire son importance. Il contient la démarche "d’aller vers" les jeunes marginalisés, leur milieu, de façon volontaire mais respectueuse du temps nécessaire à l’établissement d’une relation, et des espaces et des moments favorables aux contacts. Ce principe reconnaît explicitement la nécessité d’être libre pour adhérer véritablement à des propositions et c’est d’autant plus vrai pour les jeunes ciblés par l’intervention et expriment leur refus ou défiance des institutions.
Le respect de l’anonymat
Conséquence directe de l’absence de mandat et de la libre-adhésion, le respect de l’anonymat se comprend mieux dans l’interaction avec les autres principes. L’absence de mandat nominatif implique l’adhésion du jeune qui garde en ce sens l’initiative et le maintien, ou non, de cette relation éducative. C’est ce que garantit ce respect de l’anonymat. La finalité de l’intervention est bien que le jeune sorte de l’anonymat et renoue les liens avec le droit commun.
Inter-institutionnalité ou Partenariat
Les éducateurs ne peuvent agir seuls Ce principe est "consubstantiel" de l’existence de la Prévention Spécialisée ; on le trouve implicitement évoqué dans l’article 5 de l’arrêté interministériel de 1972 "...L’action éducative de ces organismes (clubs et équipes de prévention) est conduite en collaboration avec les services sociaux, les groupements et établissements socio-éducatifs et culturels ". La mission visant, comme le rappelle la loi du 6 janvier 1986, à "prévenir la marginalisation et faciliter l’insertion ou la promotion sociale des jeunes et des familles", il n’est pas possible pour les éducateurs d’agir seuls. Pour faciliter cet accès des jeunes aux équipements de formation, de loisirs, au monde du travail, à l’amélioration des relations avec leur famille et leur environnement, les éducateurs doivent être en contact avec ce que l’on pourrait nommer de façon générique les "institutions".
Non-institutionnalisation des actions
La Prévention Spécialisée est conduite bien souvent à créer des réponses inexistantes dans le milieu concerné. C’est la capacité d’adaptation aux problèmes rencontrés qui légitime la diversité des actions mises en œuvre. Dans la durée, des relais sont installés ; ou bien une action répond à des besoins ponctuels d’un groupe de jeunes et disparaît lorsqu’elle n’a plus de raison d’être, ou bien elle perdure, et alors s’autonomise (création de clubs sportifs, d’associations de jeunes, d’entreprises d’insertion, etc. ...). La prévention spécialisée n’a pas vocation à gérer des dispositifs de long terme.
Le support associatif
La Prévention Spécialisée est basée sur des méthodes nécessitant souplesse, proximité, rapidité de réaction et relative autonomie. C’est pourquoi le cadre associatif paraît être le mieux adapté. Le rapport d’évaluation des politiques publiques, réalisé en 1991 dans le domaine de la prévention collective de l’exclusion des adolescents en difficulté, souligne cette dimension importante de l’action éducative et sociale conduite en Prévention Spécialisée. Éviter d’être semblable aux institutions que les jeunes rejettent. Dans un cadre contractualisé avec les départements et les communes, les associations de Prévention Spécialisée constituent des moyens et des lieux où s’exerce fondamentalement des fonctions de lien et de liant social, de solidarité et de proximité, de révélateur de nouveaux enjeux collectifs pour contribuer activement à lutter contre la marginalisation et renforcer la cohésion sociale.