Projet pédagogique 2025 - Prévention spécialisée

Préambule au projet d’action 2025 de la prévention spécialisée

Les contextes de vie des habitants des quartiers populaires et des petites communes des Bouches-du-Rhône reste complexe, la précarité y semble plus manifeste. Les équipes restent très fortement mobilisées pour repérer, proposer et agir au plus près des besoins des jeunes. Elles ont développé des savoirs faires spécifiques permettant qualité et expertise des interventions de la prévention spécialisée.
De plus, le travail en coopération entre les différents services et missions du Groupe, notamment autour de l’animation collective et des espaces publics au cœur des quartiers, nous permet de proposer des actions structurantes et structurées. Avec les équipes de médiation (AMCS-groupe addap13), il s’agit de partager les constats et de proposer des réponses aux différents sentiments ressentis (peur, abandon) par l’ensemble des habitants de certains sites ; également de mettre en place des présences rassurantes et une continuité tout au long de la journée et de la semaine. Pour une part, les coopérations seront aussi à l’œuvre à l’échelle individuelle, notamment via le service d’AEMO-R qui intervient sur l’ensemble du département, il en ira de même avec le service AMAPE et le SAPA. Ces coopérations seront à l’œuvre localement avec l’AIAES et la dimension collective sera travaillée avec PPS.
L’habitat et le logement sont partout une problématique préoccupante, qui se manifeste par des situations de squats, d’insalubrité, de difficulté d’accès à un hébergement d’urgence, largement saturé, notamment à Marseille et de difficultés à se reloger dans le parc social. Les jeunes, comme les adultes expriment de l’inquiétude voire de la crainte au quotidien et pour l’avenir et montrent des attitudes traduisant des sentiments d’isolement. Ces ressentis semblent être d’autant plus forts lorsque les espaces de rencontres structurés, les services publics, les offres en matière d’accès aux droits, aux loisirs, à la culture sont sous-dimensionnés ou absents. Nous resterons vigilants à un phénomène constaté dans plusieurs sites d’intervention : l’absence des filles et garçons des espaces publics. Ici l’élaboration de stratégies de présence sociale et de propositions innovantes sera mise en œuvre dans l’ensemble des services. Nous serons attentifs à soutenir notamment les équipes éducatives pour trouver des moyens d’entrer en lien avec cette partie de la jeunesse qui nous échappe. De plus, l’importance et la diversité des nuisances que posent les réseaux de narcotrafic sont relevés par l’ensemble des équipes éducatives et des partenaires comme un élément factuel venant à la fois troubler la tranquillité publique et dégrader les conditions de vie matérielle des habitants des nombreuses zones concernées. Malgré l’augmentation notable des interventions policières d’ampleur les visant, ces systèmes parallèles occupent les espaces publics, empêchant ou gênant l’utilisation quotidienne et positive des espaces publics. Ils exercent des pressions sur les personnes impliquées dans les trafics, qui sont parfois mineures et en situation de rupture familiale ; comme sur les habitants. Les évènements violents qui se produisent contribuent à installer un climat de méfiance et de peur. Ainsi, les éducateurs constatent la désertion de certains espaces, où les familles ne laissent plus leurs enfants jouer en extérieur. Par ailleurs, les équipes éducatives et certains partenaires repèrent des formes adaptatives des réseaux illicites qui se diversifient et proposent d’autres types de « services » tels que la livraison à domicile de stupéfiants et la prostitution. C’est pourquoi il faudra rester partout mobilisé sur les notes d’observation sociale, les diagnostics partagés et dits « en marchant » et le logiciel Traject (en exploitant les potentialités en matière d’analyse et d’impact territorial) pour faire reconnaître notre capacité à recenser et donner sens à des signaux faibles qui ne le sont qu’en apparence et peuvent utilement alimenter les décideurs institutionnels.

Les équipes éducatives continueront notamment d’investir fortement la dimension collective de l’action qui est demandée par des habitants leur faisant confiance et qui se mobilisent autour des animations, activités de pied d’immeuble et fêtes de quartier. Elles s’appuieront sur cette volonté de vivre des moments positifs dans les territoires pour retisser des espaces/temps de cohésion sociale, travailler les dynamiques partenariales (éducation populaire et associations locales), resserrer les liens éducatifs et repérer des vulnérabilités. Dans ce cadre, les interventions en horaires décalés (six jours sur sept) des Urban sport trucks, à Marseille (Prévention par le sport-PPS) et Etang de Berre resteront des opportunités privilégiées de présence sociale. Evènements sur sites avec une visée de développement social local, travail avec des groupes préexistants et sorties et mini-séjours avec des groupes constitués par les équipes resteront partout des supports pertinents. Les actions dites Hors temps scolaires permettent de faire profiter d’équipements des jeunes et des adultes et de les mettre en contact avec des structures de droit commun. Nous encouragerons les dynamiques émergentes dans plusieurs services autour de projets d’envergure et/ou autour de la thématique de la préservation de l’environnement (jardins partagés, Api culture, éco-sensibilisation au Frioul).

Les acteurs autour de la jeunesse, au premier rang desquels les équipes de prévention spécialisée, repèrent que l’usage des réseaux sociaux débute dès le primaire et que nombre d’entre eux manquent d’informations sur les risques aboutissant parfois à des situations de mises en difficultés personnelles, d’isolement et de harcèlement qui se manifestent souvent dans l’espace scolaire. Les équipes éducatives seront attentives aux questions numériques, en termes de fracture qui creuse l’exclusion sociale mais aussi d’usages inappropriés. Des partenariats s’amorcent (Pays d’Arles) autour de ces questions et plusieurs services souhaitent affirmer plus encore leurs préoccupations face à des situations de découplage entre la vie au domicile, à l’école, dans le quartier et ce que les adolescents vivent, ressentent ou ce à quoi ils s’exposent via les réseaux sociaux. Ces dimensions seront travaillées avec l’ensemble des missions portées par le Groupe en 2025.
Ici, le lien avec les parents et les établissements scolaires que développent les équipes éducatives devront permettre de repérer, accompagner des situations qui peuvent désormais se jouer de plus en plus souvent dans les espaces numériques. Dans le même sens, les équipes éducatives seront en grande vigilance sur les phénomènes prostitutionnels concernant des mineurs car elles en observent une augmentation et des modalités nouvelles, reposant souvent sur les réseaux sociaux. Nous encouragerons également les projets autour de l’émancipation des femmes, la constitution de paroles libres et d’actions, mixtes ou non, faisant avancer les jeunes et leurs familles vers la nécessaire égalité et la prise de conscience du caractère inapproprié de certains comportements.
L’école et le collège sont des lieux non seulement d’apprentissage mais aussi de socialisation, que nos équipes investissent le plus possible. Pour y mettre en place des actions collectives en lien avec les équipes pédagogiques (ateliers, groupes de parole) directement avec les adolescents mais aussi en participant aux instances de lutte contre le décrochage scolaire. Nombre de projets se développent pour proposer des accompagnements à la fois autour de la scolarité (stage de remobilisation) et lors des temps de vacances (Ecole ouverte) afin de permettre la continuité éducative. Nous continuerons partout à investir massivement le volet le plus préventif de nos axes de travail en soutenant les collégiens et en préparant le passage du CM2 à la 6ème. Le partenariat avec l’Education nationale, majoritairement de qualité et les résultats valident notre investissement, en termes d’apaisement, d’orientations acceptées et de maintiens dans le cursus scolaire. Il nous faudra veiller en 2025 à l’équilibre de la pyramide des âges du public en cherchant à amorcer es accompagnements éducatifs dès dix ans.
Dans les quartiers, les équipes éducatives poursuivront les projets autour de la réalisation de chantiers éducatifs permettant tant de travailler concrètement en partenariat (local et institutionnel), pour l’amélioration du cadre de vie, mais aussi d’accompagner les plus de 16 ans sortis du système scolaire, sans projet ni qualification. Les équipes mettront en œuvre ces actions permettant les mises en situation concrètes et des résultats visibles et tangibles avec ce public d’un abord parfois difficile et souvent très démotivé, quelquefois peu visible, en repli. Des éducateurs techniques sont présents (service Etang-De-Berre) pour apporter des savoir-faire techniques et mettre en place des ateliers permettant d’acquérir des habiletés pour des adolescents et très jeunes majeurs en situation de rupture sociale et accumulation d’échecs. Pour certains services le partenariat avec la PJJ permet de mettre en œuvre ces actions également avec des jeunes sous-main de justice. Un projet spécifique (Service Centre) en direction des jeunes condamnés sera développé autour de la prise de conscience des actes délictueux.
Pour autant, nous rencontrons un certain nombre de difficultés pour monter les chantiers éducatifs, outil pourtant particulièrement adapté pour mobiliser ces jeunes. La baisse des financements de la politique de la ville et un contexte réglementaire en pleine redéfinition font obstacle aux projections et à la stabilité dont nous avons bénéficié pendant longtemps. L’enjeu pour la prévention spécialisée est bien de conserver cette possibilité en tant que support des accompagnements éducatifs pour des jeunes avec lesquels les dispositifs de bas seuil échouent. Nous actionnerons tous les leviers disponibles en ce sens, tant au niveau local qu’en synergie avec le réseau national (CNLAPS).
L’engagement des équipes éducatives et de leurs encadrements pour intégrer les renforts issus des Bataillons de la prévention (prévention spécialisée, prévention par le sport et médiation sociale) est à saluer. Présence sociale, diagnostics, territoires nouveaux en grande difficulté sociale, complémentarités entre les métiers, l’expérimentation est positive et nous mettrons tout en œuvre pour sa prolongation, si ce n’est sa pérennisation. Concernant le Pacte des solidarités les actions engagées seront poursuivies notamment dans des quartiers particulièrement fragiles. Les résultats sont au rendez-vous, en termes de service rendu aux populations et aux territoires. Les dispositifs issus des différentes politiques publiques, ne sont pas toujours pérennes et à l’approche des échéances fixées, le manque d’information entrave fortement pilotage et communication internes (Bataillons de la prévention). Lorsque des stratégies s’élaborent, elles ne sont pas systématiquement assorties de projections coordonnées sur le long terme, à la fois avec les représentants institutionnels et les acteurs locaux. Pourtant seul un travail de cette nature peut produire des changements, redonner un réel espoir aux résidents et réassurer les intervenants de première ligne.
L’adaptation aux contextes est un de nos savoir-faire caractéristique, que nous entretiendrons. Ainsi, les équipes éducatives continueront en 2025 à chercher à s’adapter aux phénomènes émergents dans les territoires, aux dispositifs expérimentaux qui offrent de nouvelles perspectives, comme aux changements internes au Groupe qui interviendront cette année. Les équipes continueront à proposer des réponses pour insuffler des dynamiques positives. En parallèle, l’implication dans le réseau national sera poursuivie car elle confère des éclairages de compréhension des politiques publiques qui permettent également de décoder des enjeux locaux.