Centres de rétention : La justice suspend les marchés mais ne remet pas en cause le fond de la réforme

09 369 – ASH 05/06/09 & Le Monde 02/06/09
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On aurait tort d’être lassé par les rebondissements de la question des centres de rétention car c’est très intéressant et la justice a statué de manière très subtile : elle accepte le décret qui faisait pb mais donne à la mission qu’il régit une interprétation proche de celle des associations…

Le Conseil d’État

- A rejeté la demande d’annulation du décret : il est possible de conventionner avec toute personne morale et il n’est pas indispensable pas qu’il y ait une seule personne morale sur le territoire.
- Mais le Conseil consacre la mission d’assistance juridique, ce qui satisfait la Cimade et les assocs.

  • «  La convention entre le ministère et la ou les personnes morales doit permettre l’exercice effectif de leurs droits par les étrangers » : la mission ne se borne donc pas à de l’information mais porte aussi sur « l’accueil et le soutien ».
  • « L’État ne peut conclure une telle convention qu’avec des personnes morales présentant des garanties d’indépendance et de compétences suffisantes, notamment sur le plan juridique et social »

Le tribunal administratif de Paris

-  Va dans le même sens en suspendant les contrats de marchés publics, car ils ne prévoient « qu’une simple mission d’information auprès des étrangers retenus sans imposer une assistance juridique […] ne permet pas de garantir l’exercice effectif de leurs droits », ce qui porte « une atteinte grave à un intérêt public ».

  • Considère qu’il y a un doute sérieux sur la légalité du marché conclu en raison du manque d’expérience du Collectif Respect : « manifestement pas les capacités techniques, professionnelles et financières »

Le ministre

  • Propose à la Cimade de prolonger sa mission de 3 mois compter du 2 juin (date où la nouvelle disposition entrait en vigueur).
  • Va contester la décision devant le Conseil d’État et en cas d’échec « apportera les modifications nécessaires ».
  • A indiqué (sur France Inter) qu’il ne signera pas de convention avec Collectif Respect.

Les assocs sont satisfaites de ces précisions

  • La Cimade est prête à prolonger sa mission mais attend de connaître les modalités.
  • Elle demande au ministère « d’ouvrir de toute urgence une concertation avec les assocs » et de renouer avec elles « des relations saines »
  • Les autres assocs considèrent le prolongement de la mission de la Cimade comme « un acte d’apaisement » mais soulignent l’aspect préjudiciable pour elles de cet imbroglio.

- Pour bien comprendre le déroulé des péripéties judiciaires, on peut se reporter à Centres de rétention : M. Besson signe les marchés le 10 mai