C’est d’écouter pour mieux comprendre, et de ne pas céder à des jugements trop hâtifs. Mais la démarche laïque consiste aussi à poser des limites, notamment dans le service public qui est au service de tous, respectueux de l’égalité par la neutralité.
On ne peut parler de la laïcité et des revendications religieuses en ignorant le contexte social dans lequel elles interviennent : inégalités, sentiment d’humiliation, situations de précarité et de discrimination… tout cela joue un rôle.
Les revendications religieuses sont souvent confondues avec des revendications identitaires.
Tout ne dépend pas de l’application de la loi de 1905 !
Quand on parle de laïcité il faut aussi parler de la question de la transmission des traditions et des valeurs.
C’est avec le regroupement familial et avec la naissance de la deuxième génération dans l’exil, que le choix de l’éducation religieuse s’est posé.
La transmission est autant transmission culturelle que transmission religieuse.
De même, bien des malentendus tiennent à une méconnaissance des codes sociaux et culturels, qu’il n’est pas toujours facile de décoder quant on n’en possède pas les clés.
On ne peut éviter la question du sens parce qu’on est là dans un univers de signes et de significations, de symboles et d’affects.
La démarche laïque impose de faire des choix. Toutes les croyances ne se valent pas, certaines portent directement atteinte aux libertés et à l’intégrité des personnes.
Accéder à une demande peut impliquer que l’on dise « non » à d’autres demandes.
La réflexion doit toujours aller dans le sens de l’intérêt général et des valeurs communes.
Ceux qui manifestent leur appartenance religieuse prononcent souvent cette phrase : « C’est mon droit, c’est ma foi, c’est mon choix »….
« Et les autres ? » Il s’agit précisément de faire reconnaître la légitimité de l’existence des autres, ceux qui peuvent être heurtés ou se sentir menacés, ceux qui ont une autre conception du monde.
Il est essentiel de montrer que la liberté absolue de quelques uns se fait toujours au mépris des autres.
Le principe de laïcité signifie la « compatibilité des libertés » qui est aussi un principe du droit international.
L’une des pires attitudes est le déni. On a trop souvent tendance à minimiser les difficultés pour éviter d’avoir à les résoudre.
Les différences culturelles existent avec des conflits de mémoires, de visions du monde, de modèles d’éducation, de conception des rôles hommes/femmes.…Il est inutile de le nier.
On ne peut oublier non plus que nous vivons dans une société de grande instabilité et que les jeunes notamment, vivent en écho des événements lointains, par l’accès aux images du monde.
Ainsi les conflits du Moyen-Orient retentissent immédiatement sur les comportements, ici et maintenant.
Mais on se focalise trop sur « les jeunes » et trop sur l’islam, alors que ce sont des catégories très hétérogènes.
L’islam est la deuxième religion de France et il y a des mouvances islamistes inquiétantes ; pourtant, l’immense majorité des jeunes de l’immigration veulent vivre en paix. Là aussi, il faut respecter le pluralisme et ne pas généraliser en faisant des amalgames rapides.
Le principe constitutionnel (depuis 1946) de laïcité vient en application du Préambule de la Constitution : « tout être humain (…) possède des droits inaliénables et sacrés ».
C’est sur ce socle qu’il s’agit de construire le vivre ensemble. Ensuite, il reste à expliciter les obligations qui forment le contrat social. En explicitant les droits et les obligations du contrat social on sécurise d’autant mieux la relation.
Il y a une grande ignorance de l’histoire des idées en général, celle des religions mais, aussi, tout autant, l’histoire de la laïcité.
Le cardinal Lustiger remarquait que « la laïcité a obligé le catholicisme à retrouver une spiritualité épurée », et que c’est dans une société laïque qu’un homme d’origine juive et polonaise a pu devenir cardinal.