Au nom de la liberté de conscience, la laïcité affirme le droit de croire ou de ne pas croire ou de changer de religion.
- Elle pose le principe de l’autonomie du politique et de la citoyenneté vis à vis de la religion.
- Elle est ainsi intimement liée à la philosophie des droits de l’Homme et à la Déclaration de 1789.
- La séparation des Eglises et de l’Etat a été instituée en 1905, quatre ans après la liberté d’association, permettant de développer les libertés culturelles, en vertu de la loi de 1901.
Outre les libertés fondamentales, la laïcité pose un principe d’égalité.
- La laïcité ne légitime aucune religion et elle n’établit aucune liste de religions reconnues.
- Elle pousse la sécularisation des institutions jusqu’au point ultime de la neutralité de l’Etat et des agents de la fonction publique : « la République ne reconnaît, ne privilégie, ne salarie aucun culte ».
- En application du principe d’égalité, la Révolution française a créé l’état civil laïque, « Grand registre des citoyens », sur lequel quiconque est inscrit « de la naissance à la mort sans distinction de rang, de condition, de sexe ou d’origine ». C’est le Maire, un élu, qui est officier d’état civil.
Sur la base de ces principes, la laïcité a inspiré une jurisprudence abondante et une doctrine de grande qualité.
Le débat n’a jamais cessé.
Lorsque la Commission Stasi a siégé, les règles de la démocratie ont été parfaitement respectées.
- Les membres de la commission étaient divers par leurs formations, leurs convictions, leurs statuts sociaux, leurs sensibilités politiques ; les auditions et les débats étaient publics et retransmis à la télévision, sauf demande expresse des intéressés ; la commission a travaillé avec des lycéens des pays du Maghreb, du Proche Orient, d’Europe centrale et de France ; elle s’est déplacée à Rome, Berlin, Londres, La Haye …
- Et contrairement à ce qui a été rapporté par la presse, il n’y a eu aucune obsession sur le voile islamique et ce sont tous les services publics, notamment les hôpitaux, qui ont retenu l’attention.
- C’est pourquoi la loi de mars 2004 commence par affirmer le droit des élèves à l’expression en autorisant le port de signes discrets, quelle que soit la confession, ainsi que la possibilité d’exprimer des convictions dans les travaux scolaires.
- Seul est prohibé le port ostensible de signes religieux (donc la pratique consistant à manifester pour faire pression — non le signe lui-même — la pratique étant le plus souvent accompagnée de refus de cours et d’autres obligations scolaires).
- Aucune décision d’exclusion d’élèves ne peut être prise sans un dialogue obligatoire avec l’élève, ses parents et, à leur demande, un avocat…
- Sur plus de dix millions d’élèves, ce sont seulement 47 cas litigieux, la première année et 17 cas, en 2006, qui ont été recensés ; dont la majorité en Alsace, où la loi de 1905 ne s’applique pas ! C’est un exemple remarquable d’effectivité législative et des milliers de dialogues ont eu lieu.
La laïcité n’est pas seulement une philosophie, c’est une éthique de la responsabilité, disait Paul Ricœur.
- Contre tous les dogmatismes et contre l’idée d’une fatalité, l’homme est au centre de ses choix et assume les conséquences de ses actes.
- La laïcité suppose le le libre examen. Elle est un humanisme.
Liée à cette philosophie et à cette éthique, la laïcité est un véritable « discours de la méthode » : une méthode de pensée et d’action qui part des revendications pour tenter de les satisfaire dans le respect de l’intérêt général et en utilisant la voie de la raison.
Elle privilégie le dialogue et le débat.
Lorsque nous avons animé le groupe de travail sur « La liberté d’expression religieuse dans une société laïque » à la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH), nous avions construit un tableau avec des colonnes (le temps du religieux, l’espace du religieux, le corps et le religieux, le statut des personnes) et nous avions demandé aux dignitaires des différentes religions de remplir ces items en fonction de leurs souhaits.
- L’Islam et le Judaïsme remplissaient abondamment toutes les colonnes
- Le Catholicisme n’avait pas rempli la colonne du corps : pensant aux interdits alimentaires, qui n’ont plus cours en effet dans les pratiques catholiques, mais en oubliant les recommandations sur la sexualité
- Le Protestantisme indiquait fort peu de chose, si ce n’est une demande de financement de certaines activités culturelles à la frontière du cultuel
- Les Bouddhistes ne demandaient rien
- Les Agnostiques et Athées ne demandaient rien
La méthode du débat démocratique à partir des demandes formulées était exemplaire d’une démarche laïque.