M. Edwin de Boevé
J’ai apprécié le mélange des genres dans les interventions : ce défi a été relevé.
- J’ai été très intéressé par ce que nous a dit M. Le Rest sur la glocalisation que j’avais d’ailleurs spontanément orthographiée « glaucalisation ».
Il a beaucoup été question des difficultés que nous rencontrons mais tout le positif sur lequel nous travaillons se dégage aussi de ce que j’ai entendu.
J’ai été ému par les jeunes qui ont dansé et chanté pendant les déjeuners.
- La richesse culturelle qui se dégage de ces prestations montre à quel point il est important de privilégier le partenariat avec notre public.
J’ai aimé ce qu’a dit Graeme Tiffani sur la langue française et ses affinités avec les termes du travail de rue.
- Nous avons des langues et des cultures différentes : il faut construire une matrice commune qui tienne compte de cette diversité.
- D’autant que les choses fonctionnent souvent à l’inverse, certaines cultures effaçant les autres.
Ensuite j’ai retenu ce que nous a dit Juan Martin autour du conflit. Le travail est indissociable de la prise en compte du conflit entendu dans une dialectique de progrès.
- Dans le conflit on rencontre l’autre, on prend en compte des intérêts divergents et on construit pour aller de l’avant… au lieu que dans la guerre on l’élimine.
Enfin la question des alliances m’a intéressé : j’ai entendu l’appel de notre partenaire Monsieur le Maire de La Ciotat quand il dit qu’on a besoin des autres métiers.
- Pour lutter contre les inégalités, il faut nous mobiliser avec ceux qui sont mobilisables.
Et être un interlocuteur valable dans le respect des spécificités de chacun.
M. Jean Blairon
Le travail de rue est parti de l’éducation spécialisée et en France c’est un patrimoine.
- Mais pour autant sa continuité n’est pas absolument garantie : il est même partiellement menacé.
- Il y a donc des dangers à repérer, des enjeux à prendre en compte et des défis à relever.
Nous sommes confrontés à un nombre croissant de lois qui parfois se court-circuitent entre elles.
- En outre le décloisonnement larvé menace la qualité du travail, induisant de la confusion entre aide et contrôle par exemple.
- Nous sommes soumis à des méthodologies qui nous font confondre contrôle et évaluation. Alors que l’évaluation est une recherche sur le sens et les effets de l’action.
Nous devons nous en ternir au contrôle des procédures, différente d’un contrôle de résultats qui n’a aucun sens en travail de rue.
Réfléchir à la population de la rue comme à un nouveau paradigme culturel et plus seulement sous l’ange de l’exclusion sociale permet de construire un regard différent.
- Les gens qui vivent dans la rue sont victimes d’un déni de leurs ressources culturelles, avec à la clef un danger d’uniformisation , voire de destruction.
- Il faut travailler sur le lien entre expérience culturelle et travail de rue : tous deux amènent à cette identité que les gens doivent trouver.
Importance du conflit expressif : producteur d’identité, il serait une manière incontournable de communiquer.
- Entrer en conflit sur le droit du sujet et les ressources culturelles de tous recouvre une dimension de solidarité.
- Et pour le conduire, il faut trouver des alliances.
L’importance du travail sur le territoire et du lien entre l’image que l’on a et celle que l’on donne : c’est là l’espace du capital symbolique.
- Mon utopie est de refaire la jonction, sur la question du capital culturel, avec les forces sociales que nous représentons.
Car les conflits économiques et sociaux tournent autour du capital culturel. - Il nous faut trouver les mots pour mettre en lumière les concordances entre la lutte contre la violence des marchés et la lutte pour la reconnaissance culturelle.
Et gagner aussi la reconnaissance que nous devrions avoir.
Marseille capitale de la culture 2013 sur ces bases : considérant qu’une action culturelle n’est légitime que si elle est articulée à une action sociale (participant à la transformation de l’environnement social).
M. Arsène AMEN
(Conseiller technique au CMSEA)
Développer des outils de communication pour développer des réseaux de solidarité.
- Et respecter en effet les différentes langues à l’intérieur du réseau international des travailleurs de rue. Chaque partenaire doit pouvoir s’exprimer dans sa langue et écouter les autres dans leurs langues. Sinon il y aura des malentendus.
- Il faut renforcer les outils d’échanges et d’informations, un site Internet consultable dans toutes les langues par exemple.
Les rencontres entre professionnels sont importantes mais il faut aussi développer les échanges transnationaux avec les jeunes dont nous nous occupons.
- 10 jours passés avec des jeunes d’un autre pays sont des moments de « négociation intense », qui permettent de construire une histoire et comportent des exigences puisqu’il faut pouvoir être en contact avec les autres.
- Ils permettent également aux encadrants de confronter leurs pratiques professionnelles à la réalité.
Il faut développer des outils de régulation et d’analyse des pratiques professionnelles et de valorisation des expériences.
- Les cultures professionnelles se construisent sur des modèles et des procédures de qualification et d’encadrement institutionnel très différents d’un pays à l’autre, et même à l’intérieur de l’Union Européenne.
M. Stéphane Teissier
Collaborateur du réseau international des travailleurs de rue (questions sanitaires)
J’ai perçu des connivences et aussi les différences qu’amène l’apport d’éléments extérieurs. Mais l’expérience humaine est également faite d’invariables et c’est essentiel.
- La rue est toujours à l’intérieur d’une grande ville, avec une population qui a une représentation du jeune et on y met en place de l’éducatif.
- La rue produit du lien, et aussi du conflit ou encore du nettoyage social.
Risque et engagement sont fondateurs du travail de rue et il faut « en vouloir » pour travailler dans cet univers glocalisé.
Vous partagez une même usure, d’un bout à l’autre de la planète.
Il faut être très attentifs à tout ce qui concourt à mathématiser le social, et qui va à l’encontre de tout ce qui le fonde. Etre attentifs à toutes les tentatives de fragmentation.
- Je prendrai comme exemple la mobilisation contre l’idée des dépistages précoces des troubles du comportement : une pétition avait recueilli 200 000 signatures et tous les arguments s’étaient exprimés au cours d’un colloque.
Y avait été notamment exposée la question de la médecine prédictive : le gros risque étant que les enfants se conforment à la prédiction…
J’ai envie de dire que oui nous pouvons !
- Par exemple se mobiliser pour l’ordonnance 45 comme on s’est mobilisé contre les dépistages précoces ?
(la commission Varinard vient de préconiser la majorité pénale à 12 ans)