Entretien avec M. Dourgnon, statisticien (IRDES)
Aujourd’hui les populations modestes ont-elles plus de difficultés à accéder aux soins ?
- Oui : conjoncture économique et restes à charge avant complémentaire de plus en plus élevés : les ménages au-dessus du seuil CMU sont pénalisés.
- Il faudrait comprendre pourquoi l’aide à l’acquisition d’une couverture complémentaire ne fonctionne pas mieux : trop cher ?
Quelle est l’incidence de l’augmentation du coût des soins et du ticket modérateur ?
- La problématique de l’accès aux soins c’est de pouvoir entrer dans une démarche de soins et « d’y recourir aussi souvent que nécessaire ».
- Ce ne sont pas des frais linéaires, mais des avances à faire et même quelques euros peuvent peser lourds si le budget est très serré.
- L’existence de 2 secteurs tarifaires aggrave les choses, notamment fortes inégalités géographiques.
Les refus de soins sont-ils fréquents ?
- Leur niveau n’est pas connu pour toute la France ; les testings disponibles concernent la CMU-C et en démontrent la réalité.
- Ce serait bien d’avoir des éléments sur les filières de soins des bénéficiaires CMU : leur consommation de soins s’est rapprochée de celle des autres catégories mais on ne connaît pas leurs éventuelles stratégies (changer de lieu, aller chez des généralistes plutôt que les spécialistes…).
Y-a-t-il un frein culturel dans le recours aux soins ?
- On voit des « effets de contexte » : indicateurs de santé plus mauvais dans la population en ZUS que dans celle d’un quartier plus mixte socialement, au-delà de facteurs économiques ou du manque de médecins. Il faudrait en tenir compte.
Comment améliorer l’accès aux soins des ménages modestes ?
- L’idée d’un bouclier sanitaire a été lancée : au lieu de raisonner par maladies (un grand nombre ne sont pas bien prises en charge), raisonner par este à charge. « -* Toutes les personnes dont le reste à charge dépasserait un certain montant seraient remboursées à 100% au-delà de ce montant », en conditionnant ce seuil au revenu de l’assuré.
- Il faut tenir compte de la situation globale du patient : revenus, mais aussi contexte.
- Mais aujourd’hui on ne peut pas croiser des informations de revenus avec des informations de type santé et sécurité sociale.
Pourquoi la question des difficultés d’accès aux soins s’inscrit-elle dans la problématique de la réduction des fais de santé ?
- L’accès aux soins n’est qu’une des composantes des inégalités.
- « La société produit des inégalités de santé et de la mauvaise santé » : conditions de vie, de travail, espérance de vie…
- Malgré un droit à la santé et la CMU nous avons un des « taux les plus élevés d’inégalités de santé parmi les pays de l’OCDE »
- Pour améliorer l’équité, il ne suffit pas d’améliorer le système de soins ni d’en garantir l’accessibilité à tous.
- Il faudrait avoir des données plus fines sur les impacts des soins ou des conditions de vie (les personnes qui recourent beaucoup au système de soins sont-elles en meilleure santé que les autres par ex. ?), ce qui suppose des études sur de très longues périodes.
- L’accent sur la prévention aiderait sans doute.