« Un bouclier sanitaire pour améliorer l’accès aux soins »

09 422 – ASH 26/06/09 – pp. 26-27
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On avait parlé de bouclier sanitaire quand l’idée avait jailli : cet entretien est intéressant car il recadre les choses dans un contexte où l’on peut supposer que l’on parlera à nouveau de ce type de « solution ».

Entretien avec M. Dourgnon, statisticien (IRDES)

- Aujourd’hui les populations modestes ont-elles plus de difficultés à accéder aux soins ?

  • Oui : conjoncture économique et restes à charge avant complémentaire de plus en plus élevés : les ménages au-dessus du seuil CMU sont pénalisés.
  • Il faudrait comprendre pourquoi l’aide à l’acquisition d’une couverture complémentaire ne fonctionne pas mieux : trop cher ?

- Quelle est l’incidence de l’augmentation du coût des soins et du ticket modérateur ?

  • La problématique de l’accès aux soins c’est de pouvoir entrer dans une démarche de soins et « d’y recourir aussi souvent que nécessaire ».
  • Ce ne sont pas des frais linéaires, mais des avances à faire et même quelques euros peuvent peser lourds si le budget est très serré.
  • L’existence de 2 secteurs tarifaires aggrave les choses, notamment fortes inégalités géographiques.

- Les refus de soins sont-ils fréquents ?

  • Leur niveau n’est pas connu pour toute la France ; les testings disponibles concernent la CMU-C et en démontrent la réalité.
  • Ce serait bien d’avoir des éléments sur les filières de soins des bénéficiaires CMU : leur consommation de soins s’est rapprochée de celle des autres catégories mais on ne connaît pas leurs éventuelles stratégies (changer de lieu, aller chez des généralistes plutôt que les spécialistes…).

-  Y-a-t-il un frein culturel dans le recours aux soins ?

  • On voit des « effets de contexte » : indicateurs de santé plus mauvais dans la population en ZUS que dans celle d’un quartier plus mixte socialement, au-delà de facteurs économiques ou du manque de médecins. Il faudrait en tenir compte.

- Comment améliorer l’accès aux soins des ménages modestes ?

  • L’idée d’un bouclier sanitaire a été lancée : au lieu de raisonner par maladies (un grand nombre ne sont pas bien prises en charge), raisonner par este à charge. « -* Toutes les personnes dont le reste à charge dépasserait un certain montant seraient remboursées à 100% au-delà de ce montant », en conditionnant ce seuil au revenu de l’assuré.
  • Il faut tenir compte de la situation globale du patient : revenus, mais aussi contexte.
  • Mais aujourd’hui on ne peut pas croiser des informations de revenus avec des informations de type santé et sécurité sociale.

- Pourquoi la question des difficultés d’accès aux soins s’inscrit-elle dans la problématique de la réduction des fais de santé ?

  • L’accès aux soins n’est qu’une des composantes des inégalités.
  • « La société produit des inégalités de santé et de la mauvaise santé » : conditions de vie, de travail, espérance de vie…
  • Malgré un droit à la santé et la CMU nous avons un des « taux les plus élevés d’inégalités de santé parmi les pays de l’OCDE »
  • Pour améliorer l’équité, il ne suffit pas d’améliorer le système de soins ni d’en garantir l’accessibilité à tous.
  • Il faudrait avoir des données plus fines sur les impacts des soins ou des conditions de vie (les personnes qui recourent beaucoup au système de soins sont-elles en meilleure santé que les autres par ex. ?), ce qui suppose des études sur de très longues périodes.
  • L’accent sur la prévention aiderait sans doute.