Protection de l’enfance : la pauvreté, une question qui dérange

09 467 – ASH 10/07/09 – pp. 34-37
Voici un article original. Les travailleurs sociaux sont peu formés à aborder la question de la misère ? et les liens entre protection de l’enfance et pauvreté ne sont pas officiellement établis… Vastes débats ouverts tranquillement dans ces lignes.

-  M. Naves (IGAS) « l’indigence n’est plus (…)une cause justifiant aux yeux des décideurs un accueil provisoire ou un placement » (2000)

-  M. Bouchereau (AEMO) : « 80% des familles avec lesquelles nous travaillons sont des familles pauvres » ou en situation de précarité

-  M. Naves  : « pas de données fiables permettant d’apprécier la part des conditions de vie des familles » dans l’orientation vers l’ASE

  • D’ici 2 ans l’ONED devrait avoir ce type d’infos (transmission par les Dpts des infos préoccupantes : comporte des données socio-économiques)
  • ONED : des travaux étrangers montrent qu’il y a une relation entre « la pauvreté et les négligences graves » ; sans tomber dans le déterminisme.

-  Cnaemo, FN3S  : l’approche est devenue plus diverse (transgénérationnel, budget, conditions de logement…) ; on ne travaille plus uniquement à partir de référentiels psycho-éducatifs

- Mais pour voir, encore faut-il regarder. Et comprendre.

  • M. Bouchereau (AEMO) : les travailleurs sociaux sont formés à la psycho, au droit… mais « la question de la matérialité, de l’existence objective des personnes, de la façon dont les comportements éducatifs des parents peuvent se penser au regard de ce qu’ils vivent et non par rapport à nos références à nous [issus de la classe moyenne], est assez peu étudiée ».
    A contrario "beaucoup de parents sont suradaptés au discours des services sociaux"

- Privilégier une lecture psy des pbs permet aux travailleurs sociaux d’éviter un trop grand sentiment d’impuissance : car comment trouver un logement, ou un emploi ?

  • Mais le décalage entre l’offre pédagogique du secteur social (parole) et les attentes matérielles des familles peut rendre le dialogue difficile.
  • Assoc Fil d’Ariane  : si des parents en grandes difficultés financières s’adressent à l’ASE on leur propose un placement ; en fait on ajoute ainsi une difficulté à leurs difficultés.

-  M. Rosenczveig (juge des enfants) : l’aide sociale à l’enfance ne s’appelle pas aide sociale aux familles en difficulté.
-  M. Naves  : il ne faut pas confondre « politiques sociales et politique de protection de l’enfance » et la loi 2007 ne touche pas à la question de la pauvreté… mais il y a d’autres lois (le DALO…)

- Une des solutions passe par la transversalité des services mobilisés autour de l’enfant.

  • A Drouai, la MECZ de l’assoc Temps de vie a passé des accords avec bailleurs : baux glissants pour aider les familles à avoir un logement ; dispositifs très souples pour aider aux conditions matérielles (aide d’un ouvrier d’entretien par ex.)
  • Il y a des initiatives de cette sorte, pour intervenir en amont, le plus amont possible.

- L’enjeu est d’importance et des indicateurs alimentent les Dpts inquiets du désengagement de l’État :

  • les budgets des REAAP en baisse,
  • la PJJ qui ne fait plus d’assistance éducative,
  • le fonds de financement protection de l’enfance abandonné….

Pourtant la crise est bien là.