Le déclassement c’est l’incapacité de maintenir la position sociale héritée de ses parents.
Étude du Centre d’analyse stratégique
- Concernerait aujourd’hui 22 à 25 % des 30/40 ans, contre 18 % au début des années 80.
- Touche davantage les enfants de milieu modeste et les femmes plutôt que les hommes.
- Mais il « relève moins souvent des réalités objectives que du ressenti des Français »
- A partir des années 2000, s’installe la perception d’une dégradation du niveau de vie qui s’explique en partie par l’augmentation des dépenses contraintes notamment liées au logement pour les classes moyennes inférieures.
- Le surendettement accélère le déclassement.
Un entretien avec M. Peugny, sociologue
Le déclassement est difficile à mesurer mais il ne peut se définir uniquement par la profession : on peut avoir le même métier que ses parents et vivre moins bien.
Résulte-t-il aussi d’un décrochage entre le diplôme et le premier emploi ?
- Être employé en dessous de ses qualifications en est une définition : le diplôme reste un « rempart » mais sur le long terme cela se restreint.
Certaines catégories sociales sont-elles plus touchées que d’autres ?
- Il s’accroît pour les enfants de cadres moyens et supérieurs ;
- le nb d’enfants d’ouvriers devenant cadres baisse ( 20 %) ;
- et les enfants d’ouvriers sont concernés aussi : chômage, RMI…
Faut-il encore encourager la course aux études ?
- La massification a permis aux enfants des classes populaires d’arriver au bac et même à l’université : si on revenait en arrière, ils en feraient les frais.
- Mais il faudrait repenser le système : opter pour une culture commune plutôt que pour des filières précoces et des objectifs chiffrés comme 50 % classe d’âge licence par ex.
Comment se traduit la souffrance que provoque le déclassement ?
- Rébellion (surtout chez les gens qui reviennent à la situation des grands-parents)
- ou repli sur soi (si l’on est le « premier », on se sent responsable).
- Aujourd’hui les familles aident à pallier les effets matériels du déclassement : inégalités là aussi et situations psychologiques difficiles.
Le CAS estime que le phénomène pourrait pousser à une réforme de l’État-providence. ??
- L’aide des parents ne sera pas éternelle.
Il faudrait une politique de redistribution « reposant sur les plus aisés et pas, (…) sur les classes moyennes ».
Comment expliquez-vous la sensibilité des Français à cette question ?
- Le taux d’angoisse face à l’avenir est un des plus élevés d’Europe : « nous vivons dans un pays où il n’existe pas de seconde chance une fois que l’on a terminé ses études », je pense que « cela crispe fortement »
Vous parlez de « menace pour l’équilibre social » alors que le CAS est plus prudent… ??
- C’est balayer un peu vite la somme d’angoisse ressentie par le quart d’une génération.
Si la société se met à croire au déclassement, cela « remet en cause l’idée même du progrès social ».
Le déclassement – Grasset - 176 p. - 15,50 €