« Le RMI, condensé des problèmes de la société »

09 558 –ASH –11/09/09 – p. 36-37 & Lien Social n° 960
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Alors c’est vrai tout cela vous le savez… mais c’est bien dit, avec des formules que l’on peut retenir et voilà nous aimons ces mises au point.

Entretien avec Nicolas Duvoux, sociologue

- Quelle était l’objet de votre enquête ?

  • Voir comment les allocataires s’appropriaient la « norme d’autonomie » ou l’injonction de bâtir son existence à partir de ses capacités propres.
    Le contrat d’insertion en est la formalisation.

- Vous distinguez 3 types principaux d’allocataires.

  • L’autonomie intériorisée : individus globalement intégrés : par ex un diplômé qui n’a pas droit au chômage.
    Il voit le RMI comme un droit, ce qui le protège d’une image sociale négative.
  • L’autonomie contrariée : personnes prises entre la volonté d’insertion et les difficultés à concrétiser la sortie du dispositif.
    Ils négocient et mobilisent des solidarités comme la famille…
  • Le refus de la dépendance : personnes qui estiment qu’on leur demande d’être autonomes sans leur en donner les moyens.
    Sentiment d’être discriminées (âge…) ; elles sont en conflit mais aussi assujetties aux travailleurs sociaux.

- Mais comment la « norme d’autonomie » se concrétise-t-elle dans le cadre du RMI ?

  • A l’origine elle pouvait recouvrir l’accès à la santé par ex. mais depuis le début des années 2000 il y un recentrage sur la mise au travail.
    Ce qui peut être pédagogique mais aussi culpabiliser dans un contexte de pénurie d’offres adaptées.

- Et un basculement s’est produit dans l’opinion

  • Depuis les années 2000 elle tend à considérer le RMI comme un encouragement à la paresse.
    Les travailleurs pauvres ont un grand ressentiment et un grand besoin de se distinguer des Rmistes ; on ne revendique pas d’être Rmiste.

- Cette image négative est une construction

  • Il y a des profiteurs mais pas dans les proportions que l’on entend communément.
  • Étudier ces allocataires donne à voir « les pbs que la société génère », et qui « trouvent (…) une actualisation biographique » alors qu’on analyse les situations à l’aune de la motivation individuelle.

- Quelles pistes de réforme des dispositifs sociaux ?

  • Réfléchir à notre système de protection sociale.
    Il fonctionne à 2 niveaux : des personnes sont dans l’assurance et d’autres relèvent de l’assistance.
    Quand on réduit la portée de l’assurance chômage, les effectifs du RMI augmentent…
  • Il faudrait transférer une partie des ressources de la formation professionnelle vers les publics les plus en difficulté
  • Éviter que les dispositif conçus comme tremplin n’enferment les gens.
    Les contrats aidés par ex. ne conduisent pas réellement vers l’emploi stable.

- Pourquoi ne pas aller vers une allocation plus universelle complétée par des revenus d’activité ?

  • Risque d’être un « substitut aux protections sociales » plutôt qu’un complément.
  • Il faut transformer les représentations.
    La crise peut déstigmatiser : plus difficile d’incriminer les gens.
  • Et des politiques plus intégratrices et préventives.

-  L’autonomie des assistés PUF– 288 P – 27 €
Plus d’éléments sur le site de l’éditeur

-  A noter Lien social n° 640 – 10/09/09 – p. 10-15

  • Un dossier : le contrat d’insertion, un outil dénaturé.
    Présentation et débat sur son utilisation avec 3 travailleurs sociaux.