« Il faut être prudent quand on mesure la violence »

09 629 –ASH–09/10/09 p. 46-48
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Rassemble l’essentiel de ce que disent les chercheurs à l’envi, donc très utile…

Entretien avec Mme Le Goaziou, sociologue

- Pourquoi s’interroger sur cette violence ?

  • Elle occupe une place importante, médiatisée et anxiogène dans le débat public depuis 15 ans, ce qui nuit à l’objectivité Nous voulons prendre de la distance pour pouvoir discuter après.

- Comment expliquez-vous le consensus sur le fait de cette violence des jeunes ?

  • Violence, émotion et image font bon ménage.
  • Les sociétés occidentales sont moins tolérantes à la violence : « déconnexion entre sentiment d’insécurité et raisons objectives d’avoir peur ».

- Peut-on dire que cette violence augmente ?

  • Question complexe.
  • Les travaux des historiens montrent une société moins violente que dans le passé (excepté les guerres).
    Cette question est inséparable des enjeux qui la sous-tendent.

- Les bandes de jeunes, ce n’est pas récent

  • Phénomène récurrent surtout en cas « de crise socio économique et de crise du politique ».

- Dispose-t-on d’outils de mesure récents et fiables ?

  • Données policières : mesurent plus l’activité des personnels que la réalité de la délinquance (outil utilisé par le ministère de l’Intérieur).
  • Sources judiciaires : incomplètes ; portent sur l’activité des parquets ou les condamnations.
  • Enquêtes de victimation et de délinquance auto reportée. Et enfin nos recherches.
  • Il faut avoir conscience des limites des sources.

- Que sait-on de l’évolution de cette délinquance ?

  • D’après les donnés officielles elle augmente.
  • Alors ? augmentation des faits, des plaintes, évolution législative ?
    Difficile de déterminer ce qui relève d’une hausse de la violence.

- On se montre dites-vous plus sévère avec les jeunes des quartiers populaires qu’avec les autres….

  • Certains comportements sont très banals chez les garçons 13/16 ans (fraude dans les transports, bagarres…) : pourquoi les auteurs sont-ils issus dans une forte proportion des quartiers sensibles ?
    plus d’actes commis ou plus grand contrôle ?

- Le discours en faveur de la prévention n’est-il pas aujourd’hui disqualifié ?

  • On laisse entendre qu’elle rime avec absence d’autorité.
    Ce qui est faux : elle remet des limites.
  • « On la met en balance avec la répression, comme si elles constituaient les deux faces d’une même médaille. (…) Prévention et répression sont de nature et de temporalité fondamentalement différentes ».
    La prévention c’est le pari à long terme de permettre de changer. (Cf. ordonnance 45)

- La violence des jeunes en question – V. Le Goaziou & L. Mucchielli – Ed. Champ social – 160 p. 16 €

-  A noter un article de M. Dubet sur « la violence et les jeunes »