« Il existe une confusion entre prévention et dépistage »

09 678 –ASH–23/10/09 p. 42-43
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Nous nous interrogeons souvent sur le traitement réservé à la jeunesse ; ici il est question de la place dévolue à l’enfant… et à une certaine forme de prévention. Nous vous recommandons cette lecture parce qu’elle peut vous permettre d’être plus avertis.

Entretien avec Mme Giampino, psychanalyste et psychologue, co-auteur de « Nos enfants sous haute surveillance »

- Vous attaquez certaines techniques de dépistage précoce des difficultés psychologiques des enfants

  • Sous couvert de prévention, certaines méthodes aboutissent à « déduire ce que les enfants deviendront à partir de qu’ils font ;
    on s’oriente alors vers une logique de tri » (traitements…).

- « Tout se joue avant 3 ans » : la formule correspond-elle à la réalité ?

  • « Les 3 premières années fondent les bases du devenir », mais ce qui ne s’est pas fait peut encore grandir : sinon déterminisme psychologique

- Vous revenez sur le rapport Inserm 2005. Emblématique de ce que vous dénoncez ?

  • Symptôme de « l’état actuel de notre rapport aux enfants (…) supposés être rois mais, en réalité, ils font peur et on essaie de les contrôler ».
  • « On ne peut pas tout cautionner au nom de la prévention psychologique, un interventionnisme mécanique (…) peut s’avérer pathogène »
  • Risque d’induire ce que l’on prétendait éviter.

- Est-ce pour cela que vous considérez que l’on confond normalité et santé mentale ?

  • On est passé d’une vision de construction dans la durée à des grilles de comportements.
  • Notamment le DSM-IV : considère qu’un comportement est anormal si son occurrence chez une personne est supérieure à celle de la moyenne de la population. Aboutit aux TC et autres TDAH…
  • Approche de la stat et du visible : se heurte au décryptage de la signification des comportements.

- Vouloir dépister tôt part pourtant d’une bonne intention.

  • Bien sûr mais il faut être attentif aux outils utilisés.

- Les professionnels (petite enfance, éducation, travail social) sont-ils influencés par ces courants ?

  • On les forme à ces pensées linéaires qui cherchent à « éliminer la logique du symptôme » et proposent des questionnaires comportementaux.

-  Vous défendez une prévention psy « en rhizome »

  • De bons outils existent, sur 3 niveaux.
    « Maisons vertes » REAAP, CMPP, PMI, secteurs pédopsychiatrie…
  1. accompagner la vie ordinaire
  2. accompagner enfants et familles dans les aléas d’une vie ordinaire (séparations…)
  3. prise en charge au moment d’un événement grave (handicap, décès…)
  • Mais pas assez lisible : il faut améliorer sa cohérence et sa capacité d’évaluation.

- Nos enfants sous haute surveillance - Albin Michel - 288 p – 17 €