Entretien avec P. Plantard, ES de formation initiale, enseignant chercheur sciences éducation
Que recouvre la notion de fracture numérique ?
- Renvoie à l’accès à un micro-ordinateur et Internet à son domicile
taux d’équipement entre 75 et 80%. - Mais depuis 2000 les écarts entre les différents groupes d’usagers n’ont pas décru.
- Nous parlons d’exclusion et inclusion numériques plutôt que de fracture.
(« e-exclusion » & « i-inclusion ») - Car « la question n’est pas tant d’être connecté que d’utiliser » vraiment cet outil.
- L’e-inclusion est liée « à des pratiques sociales structurées » : il faut identifier quels sont les usages pour une population donnée.
Y-a-t-il un lien entre le niveau de revenu et l’utilisation des NTIC ?
- « Pas de déterminant social ou économique simple ou unique » ;
dans la grande précarité, l’usage est extrêmement limité mais si il y a un accompagnement, ça marche.
Quels publics affichent le plus faible usage ?
- 25% de la population en non-usage mais nous identifions 4 groupes de non-usagers :
- Seniors : 75% d’entre eux
- Allocataires minima sociaux : 55%
- Travailleurs pauvres et actifs modestes : 30%
- Personnes isolées : 65% ne sont pas usagers, quel que soit leur niveau de revenu et même en étant équipées.
- Il faut un réseau social préexistant.
- Parmi eux les chefs de familles monoparentales : 75% ne sont pas usagers….
Internet fait appel à l’écrit… n’est-ce pas aussi une source d’exclusion ?
- L’écrit fait frontière mais si on relance les fonctions de lecture, l’usage suit.
L’école peut-elle jouer un rôle de rattrapage pour les jeunes qui n’ont pas d’accès chez eux ?
- Oui mais à condition d’intégrer les pratiques de ces usages : souvent prescriptions très scolaires qui ont un effet repoussoir.
Les travailleurs sociaux se saisissent-ils de cette question des NTIC ?
- Dans le « travail social institué », non.
- Professions émergentes et inter profesionnalités, oui
- Les animateurs d’espaces publics numériques empruntent les chemins de l’éducation populaire même s’ils ne la connaissent pas : usagers variés, partenariats (emploi, accès aux droits…)
- Les pratiques viendraient ainsi de l’extérieur du travail social (mouvement pédagogique issu du Web 2.0), de gens « dont les motivations renvoient au travail social mais qui n’ont pas envie de devenir travailleurs sociaux »