« L’exclusion numérique se définit par les usages »

09 721 – ASH – 06/11/09 – p. 34-35
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Ordinateur & Internet, capital culturel certes, mais aussi réseau social. On ne peut aborder cette question sous le seul angle matériel, c’est bien. Et puis allez à la fin pour voir si par hasard il ne faudrait pas explorer cette piste … avant qu’elle ne vous « grignote ».

Entretien avec P. Plantard, ES de formation initiale, enseignant chercheur sciences éducation

- Que recouvre la notion de fracture numérique ?

  • Renvoie à l’accès à un micro-ordinateur et Internet à son domicile
    taux d’équipement entre 75 et 80%.
  • Mais depuis 2000 les écarts entre les différents groupes d’usagers n’ont pas décru.
  • Nous parlons d’exclusion et inclusion numériques plutôt que de fracture.
    («  e-exclusion  » & «  i-inclusion  »)
  • Car « la question n’est pas tant d’être connecté que d’utiliser » vraiment cet outil.
  • L’e-inclusion est liée « à des pratiques sociales structurées » : il faut identifier quels sont les usages pour une population donnée.

- Y-a-t-il un lien entre le niveau de revenu et l’utilisation des NTIC ?

  • « Pas de déterminant social ou économique simple ou unique » ;
    dans la grande précarité, l’usage est extrêmement limité mais si il y a un accompagnement, ça marche.

- Quels publics affichent le plus faible usage ?

  • 25% de la population en non-usage mais nous identifions 4 groupes de non-usagers :
  1. Seniors : 75% d’entre eux
  2. Allocataires minima sociaux : 55%
  3. Travailleurs pauvres et actifs modestes : 30%
  4. Personnes isolées : 65% ne sont pas usagers, quel que soit leur niveau de revenu et même en étant équipées.
    • Il faut un réseau social préexistant.
    • Parmi eux les chefs de familles monoparentales : 75% ne sont pas usagers….

- Internet fait appel à l’écrit… n’est-ce pas aussi une source d’exclusion ?

  • L’écrit fait frontière mais si on relance les fonctions de lecture, l’usage suit.

- L’école peut-elle jouer un rôle de rattrapage pour les jeunes qui n’ont pas d’accès chez eux ?

  • Oui mais à condition d’intégrer les pratiques de ces usages : souvent prescriptions très scolaires qui ont un effet repoussoir.

- Les travailleurs sociaux se saisissent-ils de cette question des NTIC ?

  • Dans le « travail social institué », non.
  • Professions émergentes et inter profesionnalités, oui
    • Les animateurs d’espaces publics numériques empruntent les chemins de l’éducation populaire même s’ils ne la connaissent pas : usagers variés, partenariats (emploi, accès aux droits…)
  • Les pratiques viendraient ainsi de l’extérieur du travail social (mouvement pédagogique issu du Web 2.0), de gens « dont les motivations renvoient au travail social mais qui n’ont pas envie de devenir travailleurs sociaux »