Adolescents « limites » : « réinventons nos pratiques »

09 734 – ASH – 13/11/09 – p. 21-22
:) :)
Un bel argumentaire – résumé de votre travail susceptible de vous redonner le moral… ne serait-ce que la phrase de Winnicott qui sert de conclusion et pourrait être un viatique pour tous les adultes…

Par Xavier Bouchereau, CSE en Prévention Spécialisée

- Face aux comportements excessifs des adolescents en souffrance, on réclame toujours plus d’autorité et de lois et cette tendance m’inquiète.

  • Il faut des limites
  • mais aucune autorité ne prend sens pour un adolescent « sans la sécurité affective que lui confère un lien signifiant à l’adulte ».
  • Il faut accepter que les professionnels s’aventurent « aux frontières des pratiques » sans risque zéro.

- Les comportements outranciers font partie du processus d’émancipation :

  • c’est la fréquence et l’intensité d’un comportement qui lui donnent valeur de symptôme
    (cf. Marcelli & Braconnier in Adolescence et psychopathologie – Masson - 2004)

- Certains jeunes « nous prennent constamment à revers » et malgré la diversité des situations quelques invariants se dégagent :

  • Multiplication et labilité des symptômes :
    ils passent d’une conduite morbide à une autre, avec parfois un émiettement dans la prise en charge (aucun adulte ne fait réellement référence).
  • Déni de la réalité :
    banalisant la portée de leurs actes ou en refusant la responsabilité ils sont dans une pseudo-réalité qui leur évite la culpabilité.
  • Absence d’élaboration :
    « ils sont en prise directe avec le pulsionnel »
  • Incapacité à supporter la collectivité :
    ses contraintes, et la frustration qui en découle.
  • Rupture avec le monde des adultes :
    hyper-conformité aux règles des quartiers.

- Mais il est possible de travailler sur autre chose que leur réadaptation sociale.

  • Il faut relancer « des processus identificatoires à partir d’une relation privilégiée à un adulte référent (…)
  • S’engager personnellement et affectivement, quitter sa carapace de bon technicien »,
  • et rendre possible « l’expérience d’une relation non mortifère à l’adulte ».
  • Il y aura des répétitions et conflits déstabilisants,
    mais qui seront autant de passages obligés : « ils doivent pouvoir éprouver le lien »

- En appeler aux valeurs paternalistes est inutile.

- « Laissons les jeunes changer les sociétés et montrer aux adultes la manière de voir celle-ci d’un œil neuf. Mais quand le jeune lance un défi, il faut qu’il y ait un adulte pour [le) relever »
(Winnicott, De la pédiatrie à la psychanalyse –Payot – 1958)