Par Xavier Bouchereau, CSE en Prévention Spécialisée
Face aux comportements excessifs des adolescents en souffrance, on réclame toujours plus d’autorité et de lois et cette tendance m’inquiète.
- Il faut des limites
- mais aucune autorité ne prend sens pour un adolescent « sans la sécurité affective que lui confère un lien signifiant à l’adulte ».
- Il faut accepter que les professionnels s’aventurent « aux frontières des pratiques » sans risque zéro.
Les comportements outranciers font partie du processus d’émancipation :
- c’est la fréquence et l’intensité d’un comportement qui lui donnent valeur de symptôme
(cf. Marcelli & Braconnier in Adolescence et psychopathologie – Masson - 2004)
Certains jeunes « nous prennent constamment à revers » et malgré la diversité des situations quelques invariants se dégagent :
- Multiplication et labilité des symptômes :
ils passent d’une conduite morbide à une autre, avec parfois un émiettement dans la prise en charge (aucun adulte ne fait réellement référence).
- Déni de la réalité :
banalisant la portée de leurs actes ou en refusant la responsabilité ils sont dans une pseudo-réalité qui leur évite la culpabilité.
- Absence d’élaboration :
« ils sont en prise directe avec le pulsionnel »
- Incapacité à supporter la collectivité :
ses contraintes, et la frustration qui en découle.
- Rupture avec le monde des adultes :
hyper-conformité aux règles des quartiers.
Mais il est possible de travailler sur autre chose que leur réadaptation sociale.
- Il faut relancer « des processus identificatoires à partir d’une relation privilégiée à un adulte référent (…)
- S’engager personnellement et affectivement, quitter sa carapace de bon technicien »,
- et rendre possible « l’expérience d’une relation non mortifère à l’adulte ».
- Il y aura des répétitions et conflits déstabilisants,
mais qui seront autant de passages obligés : « ils doivent pouvoir éprouver le lien »
En appeler aux valeurs paternalistes est inutile.
« Laissons les jeunes changer les sociétés et montrer aux adultes la manière de voir celle-ci d’un œil neuf. Mais quand le jeune lance un défi, il faut qu’il y ait un adulte pour [le) relever »
(Winnicott, De la pédiatrie à la psychanalyse –Payot – 1958)