« Il est étonnant que les stéréotypes persistent sur les enfants d’immigrés » : un entretien avec Mme Attias-Donfut

09-819- ASH – 04/12/09 – p. 36-37
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Nous consacrons une large part à cet entretien où l’on voit que si vous travaillez aux côtés d’enfants immigrés ou issus de l’immigration, vous ne travaillez pas avec tous les enfants immigrés… et c’est bien d’élargir le regard, ne serait-ce que par ce que c’est tonique ???

- En quoi cette enquête diffère-t-elle des autres ?

  • Inédite par son ampleur : infos sur parents et enfants qui prend en compte toutes les migrations avec infos sur fratries d’une même famille.

- Vous montrez que les familles immigrées sont très diverses.

  • Les pays d’origine diffèrent mais aussi les appartenances sociales, et les représentations ne sont pas toujours exactes.

- Vous affirmez que la plupart des enfants d’immigrés sont sur la voie de la réussite sociale… cela va à l’encontre des idées reçues….

  • Pourtant confirmé par les données scientifiques.
  • A conditions socio-économiques égales études aussi longues que les autres : variable « pays » presque sans effet sur la performance scolaire.
  • Les stéréotypes se nourrissent des difficultés de certains jeunes des ZUS que l’on généralise à l’ensemble des jeunes issus de l’immigration.

- Comment expliquez-vous cette réussite scolaire ?

  • Jouent la catégorie sociale des parents et leur diplôme ;
  • le lieu d’habitation aussi.
    (Et 20% seulement des immigrés vivent en zone sensible.)
  • L’intégration des jeunes reste « très largement conditionnée par l’adhésion de leurs parents à la société française », qui est d’autant plus forte que les gens viennent de loin (Asie par ex.)
  • Les filles réussissent mieux que les garçons (comme en population générale) même quand persistent divisions traditionnelles filles / garçons.
    Les mères reportent sur elles leur désir d’émancipation et c’est une manière d’échapper à une position traditionnelle dans le groupe.
  • «  Norme de virilité en vigueur chez les garçons (…) en contradiction avec l’image du bon élève »

- Vous parlez de « désenchaînement des générations » : de quoi s’agit-il ?

  • Premier fossé entre ceux qui partent et les parents restés au pays
  • et deuxième entre les parents venus en France et les enfants nés en France ;
  • les parents veulent que leurs enfants réussissent mais c’est au prix d’une distance d’avec leur culture.

- L’affirmation de ses racines est-elle compatible avec l’appartenance à la société française ?

  • Oui. En France « tendance à confondre communautarisme et préservation des racines » et peur d’un communautarisme très peu présent.
  • Se perpétue l’image d’immigrés contestant identité et lois françaises : « à l’origine du lancement du débat sur l’identité nationale »
  • Et d’autres voient les immigrés comme victimes du rejet français, sans dire non plus que beaucoup ont rencontré de la tolérance.

- Quid des initiatives associatives de soutien des parents, lien intergénérationnel…. ???

  • Dans les zones sensibles beaucoup de travail intéressant : on voit que « certains jeunes (…) ont maintenant des vies accomplies » grâce à cela.
  • « La réussite de l’intégration des immigrés doit une partie de ses résultats aux assocs et il serait nécessaire de subventionner celles-ci davantage »

- Mme Attias-Donfut & M. Wolff - Le destin des enfants d’immigrés – Ed. Stock – 324 p – 21,50 €

-  A noter également un entretien avec Mme Donfut dans le Monde du 4 décembre