Entretien avec Bénédicte Robert, inspectrice d’académie et chercheuse en politiques publiques
L’écart entre le niveau scolaire des élèves des « réseaux ambition réussite » et celui des autres élèves reste important. Un échec de ces politiques ?
- Cet écart n’a pas diminué mais quels sont les objectifs de l’éducation prioritaire ?
- Dans les années 80 on ne parlait pas que des résultats mais de corriger les inégalités sociales.
- Pose aussi la question du contenu et des moyens.
Vous distinguez plusieurs périodes…
- 81 à 84 elle s’inspire de travaux américains : pour compenser les handicaps sociaux, on donne des moyens (rattraper niveau culturel).
- Puis période d’institutionnalisation.
- Depuis 1997 : recentrage sur les apprentissages on s’intéresse de plus en plus aux résultats.
Et critique de la dispersion des moyens : en 2000 916 zones et depuis 2006, 249 réseaux.
La logique de zonage est-elle abandonnée ?
- Terme connoté très négativement : pour gommer cela, la réforme 2006 veut passer d’une logique territoriale à une approche plus individualisée, et aussi venir en aide aux « bons élèves » (filières d’excellence)
Priorité donnée à la régulation par les résultats dites-vous ?…qu’est-ce-que c’est ?
- C’est prendre en compte les résultats : à charge pour les établissements de les améliorer (au lieu de donner des moyens aux établissements sur la base de critères sociaux) ;
embryonnaire par rapport aux USA où des évaluations standardisées conditionnent les moyens attribués.
Pourquoi le système français résiste-t-il à cette pratique ?
- Elle renvoie à la question de l’évaluation : on évalue les élèves mais très peu les adultes et guère plus le système.
Avec la réforme de 2006, on a commencé à parler des établissements de « relégation »…
- Que faire de ces établissements (faibles résultats, peu de mixité sociale…) : aux USA on les ferme pour les rouvrir ailleurs ou différemment
- Le Plan espoir banlieue l’envisage mais pour le moment aucune fermeture.
Quelle est la place des politiques d’éducation prioritaire dans la politique éducative ?
- Elle s’est institutionnalisée mais en quoi les choses sont-elles différentes dans ces établissements ? On verra ce qu’en dira le bilan des contrats 2006.
- Mais elle ne relève que de circulaires, publiées au coup au coup et manque de suivi budgétaire.
Les politiques d’éducation prioritaire. Les défis de la réforme
Ed. PUF - 168 p – 15 €
On peut aussi consulter les actes des journées de l’Observatoire des zones prioritaires (OZP) – 2009