Les institutions entre déclin et recomposition

10/5 – 428 – ASH 18/06/2010 – p. 30-33 & p. 28-29
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Nous aimons cet article qui parle de recomposition plutôt que de l’éternel déclin improductif… non sans pointer des tendances…

- Il y avait l’Etat providence et puis ont été engagées des transformations des politiques publiques : la « marchandisation » ne suffit pas à expliquer seule l’ampleur du changement du secteur social.

Réflexions de chercheurs de pays francophones réunis par le Dpt socio Fac Rouen, et l’AISLF.

- L’Etat social s’appuyait sur des interventions institutionnalisées qui sont en déclin ; d’autres formes en cours. (Mme Bresson, AISLF)

  • Pour M. Vrancken (Liège), cela commence dans les années 80 où on passe de la « protection » visant à réintégrer les plus démunis à un accompagnement des « individus dans un travail sur eux-mêmes en cherchant à les impliquer davantage (…) responsabilisation croissante des usagers et des intervenants »
  • M. Quintane (prof. droit public) : « il s’agit de faire disparaître le fait institutionnel en transformant l’administration en organisation  » ; on parlait en terme de redistributivité et d’intérêt général et on a parlé de performance  ; malaise des fonctionnaires.

- Alors, société libérale dérégulant et désinstitutionalisant l’intervention publique ?

  • M. Aballéa (socio Fac Rouen) : «  les institutions n’en continuent pas moins d’exercer leur pouvoir de contrôle social  » : normativité sociale, domaines nouveaux, médicalisation des pbs… les injonctions, chartes… renforcent la règle.
  • M. Soulet (socio Suisse) : l’institution verticale a vécu et les modalités changé mais au service des mêmes buts « encadrer et construire l’action en commun » ; elle attend de ses membres, non plus la loyauté, mais autonomie et responsabilité.
  • Positif en apparence et redoutable : ne tient pas compte des « inégalités profondes à participer de façon socialement efficace ».

- M. Payet (socio suisse) : l’expression des usagers est-ce permettre l’expression ou « convertir les causes sociales en défaillances individuelles » ?

  • Face à la difficulté de justifier de l’efficacité de leur action, « inverser le sens de la relation action-évaluation en redéfinissant l’action à partir de ce qui est évaluable », avec « rupture de la chaîne causale qui prévalait entre besoins de l’usager, action de l’institution et effets »
    • Usager aliéné et « tenu comptable des ressources que lui apporte l’institution, quand bien même [elles] ne sont pas convertibles en opportunités réelles » ;
    • et professionnel « obligé de recouvrir le faire le bien par le faire bien de l’institution »

- Pour l’instant cependant les pratiques ne sont pas émiettées : des légitimités vacillent, des découpages pèsent (décentralisation).

  • MM. Le Goff et Jamet (socio) constatent que les éducateurs PJJ adoptent parfois des « stratégies de la résistance » quand la « procéduralité » mord sur l’accompagnement l’éducatif.
  • On observe des processus de professionnalisation qui « ne sont pas sans rapport avec les processus anciens  », et des registres d’action très différents cohabitent dans les services (M. Aballéa)

- Comment la société impose-t-elle désormais sa norme sociale, c’est là qu’est le changement : plus démocratique mais plutôt plus impérieuse (injonction à l’autonomie et à la socialisation).

- Sur le terrain, souvent chaotique :

  • Uriopss Haute-Normandie : on incite à une réduction du nb d’institutions et on développe une logique de concurrence, « comment travailler sereinement au profit de l’usager ? »
  • CR Haute-Normandie : injonctions paradoxales ; Dpts chefs de file de l’action sociale mais « étranglés financièrement (…) on est en train de mettre au ban de la société toute une partie de la population jugée trop peu productive »

-  On peut se reporter à un article de M. Guillebaud , (travailleur social en CADA)

  • Le travail social à l’épreuve de l’ entreprise sociale (p. 28/29)
  • « Le développement associatif doit désormais répondre aux critères du marché (…) le devenir de l’entreprise sociale dépend des conditions de participation des travailleurs sociaux à la (re)définition de l’institution. »