Entretien avec François Dubet : « lorsqu’on attend tout de l’école, elle se sacralise et se paralyse »

10/06 – 513 – Le Monde – 26/085/10
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Des pistes de réponses à des questions que nous nous posons tous sur l’école : c’est un complément bienvenu au catalogue inévitable des mesures qui accompagnent la rentrée.

-  Les Sociétés et leur école vient de paraître au Seuil.

-  Les systèmes éducatifs ne sont pas forcément en adéquation avec la société :

  • dans le sud de l’Europe, écoles beaucoup moins inégalitaires que les sociétés ;
  • en Allemagne c’est plutôt l’inverse.
  • En France distribution sociale forte mais écarts de performances très contrastés socialement.

- Comment expliquez-vous ce découplage entre notre société et notre école ?

  • « Notre école s’est construire sur un modèle d’élitisme pour tous »
  • et notre société s’est « fait une religion du diplôme  ».
  • Pour tenir ce modèle d’élitisme, l’école trie les élèves et les perdants sont toujours les mêmes.

- Pourquoi en France ces inégalités scolaires se transforment-elles presque automatiquement en inégalités sociales ?

  • On y associe plus qu’ailleurs le bon diplôme et le bon emploi : les familles les plus cultivées surinvestissent une école davantage reliée au diplôme qu’à la connaissance.
  • La France demande beaucoup à son école et notamment de sélectionner les individus alors que les entreprises par ex. pourraient y contribuer :
  • forte emprise du diplôme « dans la distribution des individus au sein de la société »
  • Et si la société a une grande confiance dans son école, les élèves n’ont pas confiance en eux.
  • « Demandez à quoi doit servir l’école française, et vous aurez toute une palette de réponses », y compris qu’elle doit gommer les inégalités sociales.
  • On attend trop et on peut plus toucher à une école ainsi investie d’une fonction de salut !
  • « Plus on assigne à l’école des missions essentielles, plus il est paralysant pour les politiques de s’y attaquer ».
  • Il faudrait «  détendre le lien entre emplois et diplômes  » faire de la formation tout au long de la vie ;
  • cela contribuerait à « redonner à l’école son rôle premier, celui d’éduquer »

- On est moins scandalisé par les 150 000 jeunes sans qualification que par l’idée de toucher aux concours d’entrée dans les grandes écoles et faire « baisser » leur niveau :

  • mais l’avenir ne dépend pas que des élites « il dépend plus encore du niveau de la très grande majorité des élèves ».
  • On propose aux plus méritants des élèves défavorisés de rejoindre l’élite mais « le problème majeur, c’est les autres »

- F. Dubet, M. Duru-Bellat, A. Vérétout, 224 p. 18 €