« Supprimer la carte scolaire a aggravé la situation »

10/7/628 – ASH 08/10/10 –p. 34-35
:) :)   :(
Très bien cet article : nous avons tous que… mais là les mécanismes sont démontés avec beaucoup de clarté. Pourquoi pas aller voir au moins en ligne la présentation de l’ouvrage ?

Entretien avec M. Choukri Ben Ayed, sociologue

- A l’occasion de la sortie de l’ouvrage :

  • École : les pièges de la concurrence. Comprendre le déclin de l’école française
  • Coord. S. Broccolichi, C. Ben Ayed, D. Trancart
  • Ed. La Découverte – 312 p . 23 € -
  • Sommaire, présentation, table des matières, articles sur le site de l’éditeur

La question est ancienne mais la nouveauté c’est que ces inégalités « commencent à tirer vers le bas tout le système éducatif  ».

- Quels sont les symptômes de cette dégradation ?

  • L’accroissement des écarts de niveau entre classes sociales, mais aussi entre établissements et départements ;
  • les résultats chutent surtout dans les espaces urbains, ce qui est nouveau et se maintiennent dans les zones intermédiaires, où l’offre est moins différenciée (1 ou 2 collèges).

- Comment la hiérarchisation entre établissements pénalise-t-elle l’ensemble du système ?

  • La course aux meilleurs résultats engendre un « décentrement des enjeux » : l’optimisation des connaissances cède le pas aux classements qui finissent par tenir lieu de projet scolaire.

- Quelle place tient la suppression de la carte scolaire dans ce paysage ?

  • Elle a fait le lit de cette concurrence : même dans des villes de taille moyenne, on constate des flux d’élèves et des taux de demandes de changement importants, dont la raison n’est pas toujours claire .
  • « Met le système scolaire dans une situation d’insécurité permanente » : on encourage une compétition dont on voit les effets négatifs.

- Pouvait-on la maintenir en l’état ?

  • «  Cela n’aurait pas été pire » : dans les grandes ville l’aggravation de la ségrégation a été nette.
  • Des collèges comme variables d’ajustement, d’autant que leurs dysfonctionnements seront peu dénoncés par des populations précarisées.
  • La ghettoïsation « n’est pas le point de départ mais bien la conséquence [de leur] déclin »
  • Les mécanismes de « choix » aggravent des problèmes qu’il faudrait traiter « frontalement ».

- Pourquoi les ZEP n’ont-elles pas réussi ?

  • Approche comptable (réduire le nb d’élèves par enseignant) mais sans « politique volontariste de soutien aux enseignants ».
  • En matière pédagogique l’EN reste « en-deçà des connaissances disponibles  » : les expériences intéressantes demeurent expérimentales et dépendent de la bonne volonté des personnes.
  • « Les enseignants sont souvent critiqués pour leur supposée résistance au changement. Mais la réalité est que, bien souvent, ils finissent pas se lasser (…)
  • Le système scolaire français est conçu pour des enseignements conventionnels ».

-  Des pistes de reconstruction ?

  • Depuis 30 ans, empilement de dispositifs mais pas de politique scolaire au sens propre du terme
  • et « les choix politiques actuels vont à l’opposé d’une reconstruction vertueuse »
    (moins d’enseignants, suppression formation pédagogique)
  • Prendre conscience que « nous sommes tous perdants » pourrait être le début d’un changement.