Entretien avec Jean Furtos, psychiatre.
Coordonnateur d’une recherche de 4 ans menée par l’ONSMP-Orspere
Problématique révélée par les bailleurs sociaux qui font appel à la psychiatrie ;
- puis le législateur s’en soucie dans la loi délinquance 2007 :
- ils peuvent être sanctionnés par le maire, c’est là une entrée sous l’angle du sécuritaire.
Derrière ces troubles, « de grandes questions de société » :
- individualisation, exclusion, santé mentale en ville (moins de lits psy)
Notre postulat : l’entrée « santé mentale » rend mieux compte des difficultés que l’entrée sécurité.
- Travail en binôme sociologue – psychologue ; nous parlons de clinique psycho-sociale
- « prise en compte d’une souffrance psychique sur les lieux du social » ;
- souffrances intriquées et les professionnels ne savent pas comment aider.
Définition possible de ces troubles :
- « expansion dérangeante de l’espace intime d’un individu ou d’un groupe dans l’espace semi-public ou public au regard d’une norme commune de coexistence »
- La « limite entre supportable et insupportable dépend de niveaux de tolérance très localisés »
- Noter : « l’absence totale de troubles correspond statistiquement à un problème de santé mentale majeur » : replis sur soi très grave.
- - Tout ne relève pas de la pathologie :
- quand « on donne aux travailleurs sociaux (...) les moyens psychiques pour appréhender les situations (...) on s’aperçoit que dans les trois quarts des cas le recours à la psychiatrie est même déconseillé »
D’après les bailleurs, 80% des trouble sont réglés spontanément : régulations dites primaires
- mais cette manière de faire se perd et des formes plus institutionnelles se sont mises en place.
- Régulations dites secondaires définies par une fonction tiers :
- redonner aux personnes les moyens de faire état de ce qu’elles ressentent
- et d’être partie prenante de ce qui rétablit la communication.
Il ne faut jamais banaliser et chacun peut être impliqué dans son métier :
- « bailleurs, psychiatrie, travailleurs sociaux »
- il existe des réponses de grande qualité, avec psychologues, médiateurs...
La prise en compte des personnes générant des troubles importants est compliquée
- « le partenariat entre la psychiatrie, le travail social et les acteurs du logement se trouve au centre de l’équation ».
Ce réseau ne doit pas être « instrumentalisé comme un outil d’encadrement et de contrôle »
L’autre condition est que le « voisinage [soit] intégré à la solution » :
- démarches de quartiers,
- conseil local de santé mentale... facilitateur.
Il faut « favoriser le développement des métiers transitionnels (...)
s’engager dans la gestion d’un problème sans réponse préconçue »
(animateurs, éducateurs de rue, médiateurs).
Il faudrait des lieux-refuge pour épauler temporairement des gens qui ne vont pas bien.
Depuis la loi de prévention de la délinquance 2007, « chacun travaille dans son coin avec la tentation du repli » ;
- missions ponctuelles, etc.
- « s’oppose au suivi collectif de l’évolution d’une situation de voisinage ».
- Il faut travailler par « des alliances locales »
Cette recherche a fait l’objet d’une journée de restitution dont les actes sont en ligne sur le site de l’ONSMP-Orspere