Les travailleurs sociaux souffrent moins d’usure que d’un déni de reconnaissance

ASH – 13/06/08 – 08 306
:) :)   :(
Alors là vous pouvez y aller, c’est génial : voilà ; on vous parle de vous comme jamais on ne l’a fait en peignant votre « malaise » … et vos forces et vos valeurs… allez-y c’est à vous de mettre des mots là-dessus … et de poursuivre le travail allez savoir !!!
Recherche commandée et financée par Observatoire national pauvreté exclusion (ONPES) et dirigée par M. Ravon, sociologue Université Lyon II.
Dépasse notion d’usure professionnelle pour passer au concept « d’épreuve de professionnalité »
Souffrance pas envisagée seulement sous son aspect individuel (burn out) mais en lien avec contraintes et évolutions du travail social.
Articuler « la clinique de la plainte des processionnels, le contexte d’évolution des métiers (…) ainsi que les formes d’étayage qui permettent de surmonter les difficultés »
Analyse clinique « expérience (…) liée à exercice du métier » et sociologique (transformations)
Se plaindre constituerait une activité ordinaire : insatisfaction des moyens, de la hiérarchie…
Mais quelles sont les « épreuves » qui empêchent de faire correctement ce travail ?
Travail souvent très autonome ; « la 1° de leurs compétences tien à la capacité (…) à faire de leur expérience propre l’instance de certification des pratiques » ; chemin à faire entre « atteintes et soutiens à la professionnalité »
2 grands types d’atteintes : contradictions entre prescriptions et travail réel ; manque de soutien, (ou reconnaissance) des collègues et responsables
L’organisation du travail est parfois une « mise en incompétence » ; autonomie concurrencée par tâches administratives, réduction de la relation d’aide à une relation de service (dispositifs) ; procédures de contrôle (temps des entretiens …).
Les plaintes visent peu les usagers : ce n’est pas tant le fait de travailler avec des public difficiles qui est pointé que l’absence de prise en compte du problème par l’institution.
Il faut se défaire de l’idée que « c’est le côtoiement quotidien de la misère sociale qui éprouve les travailleurs sociaux » ; au contraire c’est ce contact qui permet de donner un sens.
Dans les discours la première source de lassitude c’est l’institution ; question de la reconnaissance et du soutien devant événements difficiles.
Le pb ne réduit donc pas à l’usure professionnelle
Tenir compte des tensions propres au secteur sur cette question ; se garder de trop l’individualiser
Dans les années 80, se développent décentralisation et dispositifs territorialisés et apparaissent des spécialisations (politique ville, insertion…) alors que le « noyau dur » stagne (AS, ES). Et de plus en plus de cadres non issus du social (gestion)
« Valeurs spécifiques » attaquées par décideurs politiques et administratifs (méthodes entreprise)
Le rapport à l’usager a changé aussi : public élargi, « de moins en moins prévisible, voire même proche culturellement », qui prend la parole.
« L’horizon temporel du travail social » se rétrécit. Le temps long cède au temps de l’urgence.
Les travailleurs sociaux ne sont pas passifs : résistance permet « d’augmenter leurs capacités d’action et de défendre l’honneur du métier ».
Engagements à l’extérieur (citoyenneté), cartes de la mobilité et de la formation.
Et au niveau collectif, la demande d’analyse de la pratique explose : « L’enjeu n’est plus seulement un appui mais une recomposition de l’activité professionnelle »
On attend de ces dispositifs qu’ils prennent tout en charge : culture commune, repères théoriques, référentiels métiers, régulation d’équipe… d’autant que les espaces de fabrication de l’identité pro (syndicats…) sont en recul.
M. Ravon met en garde contre « cette confusion des genres » et invite à développer de véritables collectifs de soutien à la professionnalité ».
Va à contresens de la tendance actuelle visant aux « performances » individuelles.
Une synthèse est consultable sur le site de l’ONPES