Chercheurs et éducateurs de prévention réfléchissent aux processus « d’intégration sociale »

ASH – 12/09/08 – 08 440
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Le cœur de la question est ici abordée : les jeunes et vous interrogés en miroir dans un questionnement validé par des chercheurs. Quatre pages passionnantes (dont un encart sur la laïcité). Il ne reste plus qu’à espérer une publication de cette recherche un jour.

Mai 2003 : tremblement de terre en Algérie. En Lorraine jeunes et familles interpellent les éducs du Service d’éducation en milieu naturel (SEMN) et du Comité mosellan de sauvegarde (CMSEA). Grand élan de solidarité d’où plusieurs constats.
Beaucoup de non-dits en lien avec l’histoire franco-algérienne, le terrorisme, l’intégrisme ; les jeunes issus du Maroc ou de Tunisie parlaient de leur pays avec plus de facilité ; et des a priori et fausses représentations véhiculés y compris par les éducs (dont une partie est issue de l’immigration).
Le CMSEA décide de réfléchir là-dessus Recherche-action acceptée par les assocs CNLAPS et financée par l’ACSE continue encore aujourd’hui.
«  Comment se construisent les processus d’intégration sociale des jeunes issus de l’immigration, à partir de l’exemple des jeunes issus de l’immigration algérienne ?  » : poser les question des relations aux jeunes et du rapport implicite des travailleur sociaux à ces jeunes.
Travailleurs sociaux et chercheurs : construire ensemble de la connaissance.
Actions avec le public, débats au sein du comité de pilotage, séminaires pour apporter éclairages, questionnaire auprès des équipes de PS et du public.

Autour de 3 axes

  • Construction du lien social
  • Compréhension processus identitaires
  • Question de l’histoire et de la transmission de la mémoire

« Aller à la rencontre de la population au travers de ce qu’elle dit et vit » et donner aux éducs des outils pour mieux l’accompagner. La population a été très enthousiaste.
Dteur SEMN  : « nous somme prisonniers de nos représentations (…) processus de simplification (..) relation d’aide sur un mode condescendant »
M. Amen (socio) : « autre manière de poser des regards, de questionner » ; apprendre à puiser des éléments de connaissance dans le quotidien des jeunes pour modifier l’approcher du public.
Enjeux fondamentaux à partir du matériau recueilli.

  • Quel rôle pour le professionnel dans la construction de l’usager ? : « donner possibilité de faire un choix », empêcher mécanisme d’inversion du stigmate (identité par défaut ou provoc)
  • «  Bricolage identitaire » mis en évidence : choisir une identité ou l’autre selon le moment. Ce concept permet à l’éduc. de relativiser les affirmations.
  • En quoi la mémoire sert-elle l’intégration ? « quand elle rassure (…) répare une injustice ».
    Avec l’Algérie, la « page tournée » : n’a pas permis de travailler sur toutes les souffrances et « l’appropriation individuelle de l’histoire » s’est mal faite. Poids du non-dit.
    Un minimum de connaissances de l’immigration de chaque territoire s’impose : donne aussi des repères dans les histoires individuelles.
  • Les éducs se sont interrogés sur leur approche de certains concepts.
    Dont la laïcité (notamment en terre de concordat).
    Pdt CMSEA  : laïcité « outil indispensable aux travailleurs sociaux (…) facteur d’intégration (…) respect –et non tolérance – des convictions personnelles »
    Souvent on « bricole » ; il faut « consolider le regard des éducs sur la laïcité »
  • Question de l’appartenance culturelle ou religieuse des travailleurs sociaux issus de l’immigration maghrébine (très nbx en PS) : il « faut une reprofessionnalisation de ces éducs. Leur permettre de se réaffirmer comme pro et non comme personne. Un éduc n’a pas à dire s’il est musulman ou non. » (socio)
    Recherche-action présentée en atelier aux journées de la PS (Colommiers 10/07) avec un gros succès : questions qui traversent toute la PS.

La laïcité, outil et obligation du travail social

Séminaire par Mme Costa-Lascoux (mars 2008)
« Identifier ce qui est de l’ordre du religieux, de l’identitaire, de la réponse à discrimination… est devenu très difficile (…) société où les inégalités sociales se sont creusées ».
Le religieux se retrouve lié à l’identitaire (exil) et on lui faire dire n’importe quoi ; transmission de la mémoire défaillante mais c’est complexe car l’appartenance communautaire peut sécuriser, donner du sens et être aussi revendication de dignité….
La notion de laïcité s’efface : les jeunes éducs, enseignants… la connaissent mal.
Le travailleur social doit rester dans la neutralité : ne pas porter de signe de reconnaissance. Exemplarité, respect, hospitalité.
« Plus les travailleurs sociaux seront fermes sur le principe de laïcité, plus ils ouvriront la diversité » ; « renvoyer systématiquement une personne à une entité cognitive, c’est d’une extrême violence » il faut favoriser la parole.