Participation des usagers à l’évaluation : sortir de l’incantation

ASH – 12/09/08 – 08 441
:) :)
Bel article où l’on voit en creux une fois encore que la prévention spécialisée se positionne plutôt bien. A lire. Mais peut-être des exemples concrets de réussite auraient-ils été bienvenus.

Par M. Monbeig, sociologue, Directeur Dpt formations à l’IRTS de Pau
«  La participation de l’usager est l’enjeu central de la démocratisation attendue de l’évaluation », voilà une chose qu’on entend et lit souvent.
Mais on constate des difficultés dans la mise en œuvre de cette participation, et parfois un refus.
Pourquoi cet écart entre discours et pratique ?
Hypothèse : cette affirmation fonctionne comme une croyance.
A partir de là on met en place un système d’interprétation du réel qui masque « les rapport sociaux inégalitaires structurant les institutions »
« Pour faire il faut savoir que croire ne suffit pas »
Déjà en 82, Mme Questiaux et en 83 M. Dudebout disaient d’associer l’usager à l’action publique.
Obstacles :

  • Processus structurant la relation usager / professionnel
  • Crise du projet fondateur des assocs, question du droit et reconnaissance de l’usager en tant qu’acteur.

La pensée professionnelle a toujours regardé l’usager comme « un individu en creux », ce qui renvoie la participation dans une impasse
On le voit bien dans la politique de la ville : habitants captifs et professionnels qui « voyant dans le symptôme ce qui constitue le pb » les mettent dans une impossibilité de participer que l’on assimile à la « problématique » de ces habitants….
« La participation de l’usager apparaît comme une sorte d’impensé théorique fondé sur la représentation que l’on se fait de son incapacité » : déficiences diverses….
Mais pour rester en accord avec la croyance on écrit des projets attestant qu’il est au centre des préoccupations, on créée des espaces de débat : on est dans un irréel partagé construit selon « nos » normes et auquel l’usager n’échappe pas.
« L’usager ne peut que s’approprier le langage dominant et reproduire les mécanismes de l’exclusion ainsi engendrée » ; il dira alors ce qu’on attend de lui « illusion rhétorique »
Comment aborder différemment ce pb ?
Associer l’usager aux étapes suivantes : information, consultation, implication, évaluation. Cela suppose de prendre du temps et d’accepter les incertitudes.
De plus les associations doivent refonder leur légitimité démocratique et se recentrer sur le cœur de leur projet : vouloir changer le monde.
Ce travail sur la démocratie est incessant et devrait se faire dès la formation initiale.
michel.monbeig@its-pau.fr