Les « incasables » obligent à sortir de la logique institutionnelle

ASH - 10/10/08 – 08 504
:) :)   :(
On ne peut qu’être frappés de la similitude des préconisations d’un bout à l’autre de l’échiquier du social : personnaliser, adapter. C’est intéressant que l’on doive sortir de la stricte observation des parcours et aller dans celle des ressentis pour dégager des clefs. Instructif.

Cette notion « d’incasabilité » est utilisée depuis 20 ans : désigne des jeunes moins « asociaux » que « hors des lieux du travail social » et ballottés.
Une étude de M. Barreyre (sociologue) est sélectionnée suite à un appel d’offres de l’ONED. Cofinancée par les CG Val-d’Oise et Val-de-Marne.
Les travaux récents se focalisent sur l’articulation entre ressources personnelles du jeune, contexte de vie et contexte des institutions. Mais pas de spécificité dégagée.
Hypothèse de l’étude : ce qui est déterminant c’est plutôt le sens donné aux faits par les différents acteurs que les faits eux-mêmes ; manque de lecture commune (étanchéité sanitaire / social).
Mise en regard des parcours de ces jeunes, des réponses professionnelle et de l’interprétation par jeunes/familles & professionnels de la situation.

  • 80 jeunes recensés dans les 2 Dpts (soit 2,2 % des prises en charge ASE) : chiffre peu élevé mais situations très graves.
  • 40 % sont des filles, et la plupart ont 15/17 ans.
  • 76 ont connu des « événements traumatiques graves », et parfois longs délais entre les faits et l’intervention publique.
  • Au moment de l’enquête, 28 sont sortis de l’ASE, le plus souvent par défaut de solution et parmi ceux relevant d’une institution 21 en famille d’accueil, 8 dans structure sanitaire, les autres lieux de vie…

Il n’y a pas de parcours type.
Dans 50 % des cas 1° mesure ASE avant 10 ans : signalement par maternité, PMI, école… le recours direct au placement n’étant pas exceptionnel (alors qu’il est en principe de dernier ressort).
Prises en charge plutôt courtes et répétées : indique solutions « par défaut ».
50 % ont fait l’objet d’orientations vers le médico-social : ITEP… mais cela ne résout pas tout ; mal accepté par la famille souvent … ou par les équipes (peur des pbs psy).
Prise en charge psychiatrie très fréquente : + 50 %
Parcours scolaire chaotique : 60 % déscolarisés au moment de l’étude.
L’étude s’est penchée sur les manifestations ayant entraîné des rupture dans la prise en charge.
Agressivité : peut s’interpréter au regard du vécu et de ce qui renvoie à une situation antérieure (clash à des dates anniversaires par ex.).
Ou réactionnels ou « pratiques d’échappement de l’institution » : échapper à ces espaces « ne traitant pas une souffrance initiale ».
L’incasabilité est un cumul de réalités complexes en lien entre elles : complexité dans travail institutionnel, situation familiale, histoire, présent…
Souvent liée à une « non-lecture de la souffrance initiale et de son développement » dans le parcours.
Les professionnels doivent travailler « sur la question du sens » du parcours. Il faut lutter contre la déperdition d’information due au turn-over, charge de travail… on travaille sur le présent et souvent dans l’urgence.
Il faut travailler sur la cohérence : lutter contre pbs d’organisation, différences dans les points de vue, difficultés à trouver dans un territoire donné…
1° préconisation : construire un « réseau territorialisé » de ressources sanitaires et sociales reposant sur l’évaluation commune de la situation.
Suppose de renoncer à « une structure idéale ou un secteur idéal » pour ces jeunes.
Quelle que soit l’entrée (ASE ou MDPH…) «  cesser de raisonner par filière » et aller vers « plans personnalisés »
2° préconisation : traiter la souffrance en même temps que l’on intervient en protection immédiate. Sinon c’est le formatage, « dressages comportementaux » ici inefficaces .
L’ONED abordera ces questions dans son séminaire annuel (décembre).
Rejoint 3 de ses axes de travail : « accompagnement à la sortie de placement, évaluation et articulation des services »
Une souffrance maltraitée – parcours et situations de vie des jeunes dits « incasables »
Sur demande à l’ONED : 01 58 14 22 50