Jeunes en grande souffrance : une réponse psycho-éducative à hauts risques

09 059 - ASH – 23/01/09
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Petit catalogue d’actions « de pointe » pour donner à voir autre chose que le catalogue trop fréquent des alertes. C’est vraiment bien : on peut y piocher des idées, des postures mais aussi de la tonicité !! Le principe du non-renvoi est à méditer…

Les équipes prenant en charge enfants et ados en grande difficulté sont confrontées à des risques : celui encouru par ces jeunes, celui encouru en les côtoyant, et celui de leur action éducative.
Elles sont appelées à innover... dans une société qui tolère de moins en moins le risque…
Il faut choisir le mode d’intervention : aménager ou rompre le lien parent-enfant ; aller trop vite ou trop tarder sont toxiques… ; protéger l’enfant de la rage que sa situation réveille chez l’intervenant et « que la victime vivra toujours à travers nous ».
Ne pas trop demander aux jeunes et ne pas créer un lien d’attachement dont ils auront du mal à se défaire.
L’engagement, moteur essentiel de l’intervention ; être prêt à ne pas se décourager et à relever le défi du changement.
« Le risque zéro ne peut avoir cours dans nos espaces de soins » (M. Seron, Dteur assoc belge Parole d’enfants).

Pour innover : s’appuyer sur des valeurs solides

Clinique du Tamaris (Bruxelles)

Comment aider les jeunes dits incasables ? 15 jeunes de 11 à 18 ans placés sur décision d’un juge.
Recherche-action (1990) : renvoyer un jeune placé est assimilable à une violence institutionnelle.
L’équipe pratique le « non-renvoi
 » : « débauches de passages à l’acte » des jeunes (tests).
Il faut tenir dans le temps, ne pas se réfugier dans le déni : au contraire « la crise permet de reprendre le contrôle en instaurant de nouvelles solutions (…) c’est le lien qui va permettre de relever le défi des alternatives ».
Réunions d’équipes avec le jeune en crise, sanction (éloignement ou réparation), « palabre » (le jeune et jusqu’à 15 adultes - inverse le rapport de force mais les adultes s’expriment de façon bienveillante) et collaboration en réseau (les jeunes peuvent aller dans d’autres lieux et « les liens ainsi s’aérer »).

Unité-pilote Karibu (hôpital Titeca, Bruxelles)

Une équipe s’occupe d’ados délinquants (actes graves) et présentant troubles psychiatriques : opposition à la psychiatrisation de la délinquance, tous les jeunes doivent avoir accès aux soins.

Equipe pluridisciplinaire avec la permanence du lien et la bienveillance comme fil rouge : les « troubles n’entraînent pas la rupture »

Assoc Kaléidos (Liège)

Accueille des jeunes auteurs d’abus sexuels : grosse responsabilité au moment d’arrêter un suivi ;l’équipe a identifié des facteurs permettant de limiter les risques de récidive.
Recomplexification du passage à l’acte : le repositionner dans une trajectoire personnelle et familiale et effectuer une réparation symbolique en identifiant les protections dont il aurait dû bénéficier.
S’appuyer sur la sanction (qui peut être un apaisement) et restaurer l’estime de soi.

En France une expérience de réduction des risques au centre d’action médico-sociale précoce (CAMSP) de Roubaix

« On demande toujours aux famille de changer. Et si c’était d’abord à nous, les professionnels d’oser changer en nous rendant plus accessibles ? » et il y a 20 ans l’équipe crée le «  groupe du mardi » pour intervenir auprès des familles dites « à hauts risques psychosociaux ».

Pendant 2 heures, familles et professionnels divers rassemblés.
Les familles viennent à leur rythme et échangent autour du quotidien des d’enfants ; les professionnels notent ce qu’ils ont ressenti.
Rompre isolement social : palette très large de professionnels, favorisant orientation et recherche de solutions.
Prévenir l’alcoolisation fœtale est une des priorités.

Enquête (avec Inserm) sur familles ayant participé pendant plus d’1 an entre 89 et 95.
Sur 22 familles

  • 12 sont devenues autonomes,
  • 6 se sont stabilisées
  • 4 n’ont pas changé.
  • Amélioration de l’état de santé des derniers-nés,
  • meilleure régularité des soins pour les mères,
  • arrêt des violences familiales (13 foyers sur 17)
  • pas de nouveau placement recensé.

L’action a permis à la plupart des familles d’apprendre à appeler au secours au moment opportun.