Les outils financiers ont remplacé les solidarités

09 103 – ASH – 13/02/09 – pp. 40-41
:) :)   :(
Le crédit est devenu incontournable, autant s’organiser pour qu’il ne soit pas inapproprié. Clair et où l’on reparle… du microcrédit !!! voilà qui nous fait plaisir car nous y croyons…

Entretien avec M. Gloukoviezoff, économiste, membre de l’ONPES

- Le recours au crédit à la consommation a-t-il un lien direct avec la précarité des ménages ?
Impossible à démontrer avec certitude : manque de chiffres ; on sait que dans 90 % des cas de surendettement il y a au moins un crédit.
Ce crédit permet de supporter des aléas mais devient dramatique en cas de chômage technique par ex.

- En quoi la financiarisation des rapports sociaux pèse-t-elle sur l’endettement des ménages ?
C’est la clé de compréhension.
On recourt à des moyens financiarisés là où jouaient des solidarités familiales : garde d’enfants, ….
« Le crédit relève d’une logique individuelle » : on n’est plus obligé moralement mais il faut rembourser ; ce n’est pas la réponse à la précarité.

- Un meilleur encadrement des crédits et une meilleure information (proposition de loi Marini) vous semble-t-il suffisamment protecteur ?
Etre informé est toujours une bonne chose.
Mais il faudrait « responsabiliser les banques et les obliger à proposer des produits adaptés », de l’analyse des besoins à l’échéancier.
Le risque financier est essentiellement supporté par les emprunteurs, les banques ne sont donc pas incitées à la vigilance. On pourrait mesurer la part de chaque établissement dans les dossiers de surendettement et inciter / sanctionner.
Mais le fait restera que les gens ont besoin d’argent. Que proposer d’autre que le crédit ?

- Certains prédisent un accès au crédit de plus en difficile pour les moins solvables…
Quelle alternative ? ; les solidarités anciennes ne se récréeraient pas d’un coup, et l’Etat providence est en difficulté.

- Le dispositif articulé autour des commissions de surendettement joue-t-il son rôle ?
Rôle indispensable mais insuffisant.
Une lutte efficace traiterait les causes (accidents de la vie et accès au crédit inapproprié, et pas seulement les conséquences.
La procédure de rétablissement personnel (04), véritable avancée pas assez utilisée.
Dans l’inconscient reste l’idée qu’il faut punir les personnes endettées. Or beaucoup n’ont pas abusé et sont dans une grande souffrance.

- Quelles solutions en matière de prévention ?

  • Un système de régulation.
  • Travailleurs sociaux intervenant spécifiquement dans ce domaine.
  • Structures d’accompagnement pour aider les ménages en amont.
  • Et il existe le microcrédit personnel. De 300 à 3 000 € garantis à 50 % par des fonds publics.
    Encore expérimental : pourrait inciter travailleurs sociaux et banques à travailler ensemble et mieux comprendre leurs logiques réciproques.