Conflits sociaux aux Antilles : premières réponses et un entretien

09 116 – ASH – 20/02/09 – pp. 13-14 + 38-39
:)   :( :(
Société différente … mais départements français. Nous ne doutons pas que vous soyez au courant ; petit aide-mémoire pour quand vous en aurez besoin et un entretien intéressant pour tâcher de décrypter. A l’heure où nous écrivons les négociations sont en cours.

Grève générale en Guadeloupe depuis le 20 janvier et en Martinique depuis le 5 février.

Premières annonces

- Pouvoir d’achat

  • baisse des prix des produits de 1° nécessité et des carburants,
  • augmentation des aides à la restauration scolaire,

- Logement

  • production en 2009 de 3 000 logements sociaux de plus en Guadeloupe et au moins 1 000 de plus en Martinique,
  • gel des augmentations de loyers 09 (parc social),
  • alignement des allocations logement en Martinique et du forfait charges en Guadeloupe sur ceux de la métropole.

- Salaires et revenus

  • prime de 200 € aux 51 000 foyers de Guadeloupe et 50 000 de Martinique qui perçoivent les plus bas revenus
  • le RSA s’y appliquera dès 2009
  • création d’un fonds de soutien exceptionnel pour les personnes âgées et/ou handicapées démunies (3 millions).

- Emploi avant l’été « programme d’égalité des chances et de volontarisme républicain »

- Santé actualisation du plan de prévention et de lutte contre drogues et toxicomanies.

- Création d’un Conseil interministériel de l’outre-mer : propositions sur la rénovation de la politique menée par l’Etat.

- Le projet de loi d’orientation pour développement économique de l’Outre-mer sera adapté pour tenir compte du contexte issu de la crise.

Dans les DOM la pauvreté se transforme

Entretien avec M. Daniel, prof de droit et sciences politiques université des Antilles

  • Pauvreté et précarité recouvrent-elles les mêmes réalités dans les DOM et en métropole ?
    Seuil de pauvreté plus bas, taux de pauvreté plus élevé, nb de bas revenus plus important. _ Chômage structurel ; touche parfois plusieurs générations.
  • Solidarités familiales et de voisinage permettent-elles davantage qu’en métropole d’amortir les conséquences ?
    « Partiellement vrai ». L’égalité sociale n’étant devenue réalité qu’en 96, les gens faisaient appel à leurs familles.
    Depuis, progrès considérables (CMU par ex) mais subsistent « des poches irréductibles de pauvreté » et un début de délitement du lien familial notamment dû à une forte urbanisation.
    Personnes isolées dans les villes sont coupées de la solidarité familiale.
    En outre nouvelles formes de précarité, avec phénomènes de violences , liés entre autres au trafic de drogues.
  • Les processus d’exclusion, voire de désaffiliation, existent-ils dans les DOM ?
    Depuis quelques années « une population en totale déshérence ». Développement du sans-abrisme
  • Les travailleurs sociaux que vous avez pu interroger (Martinique) ont-ils les mêmes approches que leurs confrères de métropole ?
    Partagent les mêmes concepts et valeurs, mais opposent souvent la « pauvreté d’antan » (avant 96) aux nouvelles formes associées à la dissolution du lien social.
    Parfois rapport ambivalent avec le public : assez fréquent que des usagers instrumentalisent les services sociaux ; d’autre part travailleurs sociaux et usagers souvent issus des mêmes milieux.
  • Le sentiment de citoyenneté est-il vécu de la même façon qu’en métropole ?
    Citoyenneté « longtemps vécue comme une incomplétude. Il a fallu se battre pour acquérir les droits sociaux inhérents à la citoyenneté française »
    Aujourd’hui l’accent est mis sur la notion de dignité
     : c’est une évolution intéressante.