La montée des incertitudes : entretien avec M. Castel

09 191 –ASH - 20/03/09 – pp. 34-35
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On ne va pas se priver d’un entretien avec M. Castel. La question étant posée énième crise ou tournant véritable, voici des jalons.

- Vous parlez d’une « grande transformation »

  • Nous ne sommes pas dans une crise transitoire mais dans un bouleversement comparable à celui du milieu du 19° (capitalisme industriel) : a donné lieu au droit du travail et à la protection sociale qui se trouvent aujourd’hui menacés (recherche du profit)

- Vous parlez de « décollectivisation » ou « réindividualisation » de la société.

  • De la 2° Guerre aux années 70, les négociations Etat/ partenaires sociaux régulaient des catégories homogènes de salariés.
  • Individualisation accrue des tâches et mobilité dans le travail laissent des gens sur le côté : processus de désaffiliation.

- La crise n’est-elle pas l’occasion de refonder l’Etat social ?

  • Au moins celle d’une prise de conscience : depuis 30 ans on dit que la protection sociale est trop coûteuse et l’Etat un obstacle au marché ; aujourd’hui les mêmes en appellent à l’Etat. La volonté de réguler le marché peut être vigoureuse.

- Vous proposez un Etat social intervenant sur le plan individuel. Que voulez-vous dire ?

  • Un compromis entre l’efficacité économique et les protections sociales.
    La protection contre les risques sociaux majeurs est une réussite mais cette organisation collective n’est plus tout à fait adaptée aux changements (mobilité des individus).
  • M. Supiot (juriste) pense qu’il n’est plus possible de rattacher toutes les protections à l’emploi car il n’est plus immuable ni permanent. Il faudrait relier les protections à la personne elle-même.
  • J’avais formulé l’idée d’une sécurité sociale minimale garantie.
    Restent à penser financement, administration, gestion…

- Vous préconisez le redéploiement du droit pour asseoir les protections.

  • Si on ne se réfère pas au droit, on se place dans une logique d’échanges marchands avec prédominance de la contrepartie, etc.
  • Il faut essayer de mobiliser les individus mais « tous les citoyens doivent bénéficier de droits inconditionnels (…), hors de la logique de la contrepartie » : et il faut se donner les conditions concrètes de sa mise en œuvre (cf. DALO….).

- Il faut « re-réguler » par des protections fortes garanties par la loi.

- Son dernier ouvrage, La montée des incertitudes – Ed. du Seuil – 23 € - regroupe des textes de 95 à 08