Vous parlez d’une « grande transformation »
- Nous ne sommes pas dans une crise transitoire mais dans un bouleversement comparable à celui du milieu du 19° (capitalisme industriel) : a donné lieu au droit du travail et à la protection sociale qui se trouvent aujourd’hui menacés (recherche du profit)
Vous parlez de « décollectivisation » ou « réindividualisation » de la société.
- De la 2° Guerre aux années 70, les négociations Etat/ partenaires sociaux régulaient des catégories homogènes de salariés.
- Individualisation accrue des tâches et mobilité dans le travail laissent des gens sur le côté : processus de désaffiliation.
La crise n’est-elle pas l’occasion de refonder l’Etat social ?
- Au moins celle d’une prise de conscience : depuis 30 ans on dit que la protection sociale est trop coûteuse et l’Etat un obstacle au marché ; aujourd’hui les mêmes en appellent à l’Etat. La volonté de réguler le marché peut être vigoureuse.
Vous proposez un Etat social intervenant sur le plan individuel. Que voulez-vous dire ?
- Un compromis entre l’efficacité économique et les protections sociales.
La protection contre les risques sociaux majeurs est une réussite mais cette organisation collective n’est plus tout à fait adaptée aux changements (mobilité des individus).
- M. Supiot (juriste) pense qu’il n’est plus possible de rattacher toutes les protections à l’emploi car il n’est plus immuable ni permanent. Il faudrait relier les protections à la personne elle-même.
- J’avais formulé l’idée d’une sécurité sociale minimale garantie.
Restent à penser financement, administration, gestion…
Vous préconisez le redéploiement du droit pour asseoir les protections.
- Si on ne se réfère pas au droit, on se place dans une logique d’échanges marchands avec prédominance de la contrepartie, etc.
- Il faut essayer de mobiliser les individus mais « tous les citoyens doivent bénéficier de droits inconditionnels (…), hors de la logique de la contrepartie » : et il faut se donner les conditions concrètes de sa mise en œuvre (cf. DALO….).
Il faut « re-réguler » par des protections fortes garanties par la loi.
Son dernier ouvrage, La montée des incertitudes – Ed. du Seuil – 23 € - regroupe des textes de 95 à 08