Quelle justice pour les mineurs ? « Revenir à la pédagogie de la responsabilité »

09 236 – ASH 03/04/09 - pp. 42-43
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Très bien : lire au moins l’article et songer au livre si l’on est particulièrement concerné. Il est frappant de voir tant de travaux aller dans le même sens… et les lois aller dans l’autre.

Entretien avec M. Milburn, sociologue - CNRS

- L’évolution de la justice des mineurs suite celle de la société en général.

  • Au 19°, organisation sociale fondée sur la discipline et prise en charge disciplinaire des mineurs délinquants ;
  • aujourd’hui prévaut l’organisation autour de la responsabilité individuelle.

- Quelles sont les 3 grandes époques que vous identifiez ?

  1. Lois 1810 & 1850 : redresser les mineurs (maisons de correction), « correction disciplinaire ».
  2. Années 1930 à ords. 45 & 58 : acte délictueux vu comme symptôme d’un pb ; il s’agit d’adapter le jeune à une norme (« paternalisme clinique »).
  3. Depuis les années 1980 :montée en charge de la « responsabilisation personnelle ».

- « Vulnérabilité-responsabilité », emblématique de la justice des mineurs d’aujourd’hui ?

  • On confie la protection de l’enfance aux CG et la PJJ doit se cantonner au pénal.
  • On opère le même clivage pour les politiques sociales : personnes en difficultés, soit vulnérables (RMI : allocation), soit responsables (RMI :contrat d’insertion)

- Les lois Perben 02 & 04 ont-elles été un tournant ?

  • Pas une rupture mais consacrent « une conception répressive de la responsabilité », qu’illustrent à nouveau les propositions commission Varinard.
  • Les « mesures éducatives » s’appellent désormais « sanctions éducatives » : mais quelle est la traduction de la sanction en terme pédagogique ?, et comment vont procéder les éducateurs PJJ ?

- Quelle est la situation de la France par rapport à celle des autres pays européens ?

  • Plutôt dans les normes au niveau des textes, la priorité est plutôt accordée à la responsabilité.
    En Grande-Bretagne, où les textes ont été durcis, il y a cependant des approches très pragmatiques.

- La logique de l’éducabilité peut-elle résister à la pression des politiques sécuritaires ?

  • Dans les CEF, la fugue devient un délit… les risques de dérive existent.
  • Le primat à l’éducation peut survivre à travers les pratiques des travailleurs sociaux et des juges.
  • Et si on va trop loin vers la sanction, on en percevra les limites : la délinquance ne diminuera pas, et on aboutira à des situations explosives (CEF, prisons…). Alors on sera sans doute obligé de revenir un peu en arrière.
  • «  La boîte à idées » est du côté des acteurs de terrain : il faudrait les écouter.

-  Quelle justice pour les mineurs ? entre jeunesse menacée et adolescence menaçante
Ed. érès – col. Trajets - 238 p. – 23 €