« Le squat, refuge de toutes les pauvretés »

09 268 – ASH 17/04/09 – pp. 34-35
:) :)   :(
Très intéressant ; un monde à la marge forcément est mal connu. On peut bien sûr se reporter au livre pour approfondir la question. Mais l’entretien apporte déjà beaucoup.

Entretien avec Mme Florence Bouillon, anthropologue (enquête de 10 ans)

- Quelle est la définition d’un squat ?

  • « Lieu vacant occupé illégalement » mais je préfère « habité ».
  • Pas d’autorisation du propriétaire mais pas de violation de domicile et certains droits : quand l’occupation est prouvable (mobilier..) le squat étant considéré comme domicile pas d’expulsion sans procédure préalable (sauf si trouble à l’ordre public).

- Combien de squats en France ?

  • Pas de stats officielles bien sûr et phénomène très mouvant : au moins plusieurs dizaines de milliers de personnes concernées (y compris en rural).

- Existe-t-il un squatteur type ?

  • Population diverse mais quelques caractéristiques.
  • Dans les squats alternatifs, population jeune.
  • Sinon, des mal-logés : Rmistes, travailleurs pauvres, chômeurs, malades psychiques, étrangers.
  • Pour l’organisation :de l’informel à l’autogestion.

- Est-ce le produit du mal-logement uniquement ?

  • Le mal-logement est la première mais non l’unique cause.
  • Contribuent aussi la fragilisation de certains droits, le délitement du salariat et le durcissement des politiques migratoires.

- Est-on condamné à demeurer squatteur ?

  • C’est temporaire mais dans un parcours d’un hébergement précaire à un autre ;
  • c’est difficile de passer d’un squat à un logement (situation disqualifiante) : il faut un soutien (assocs…).

- Vous insistez sur les compétences des squatteurs

  • Connaissance de l’endroit,
  • maîtrise relationnelle
  • compétences techniques (brancher électricité…),
  • connaissances de ses droits
  • capacité à la vie collective.

- Quelles relations avec les services sociaux ?

  • En général, une grande distance mutuelle.
  • Des assocs tentent de créer du dialogue mais recourent au squat pour certains usagers sans aucune solution.

- Vous dites que le squat est un pb public qui ne fait l’objet d’une politique publique…

  • Presque jamais traité par l’entrée du logement…
  • Si urgence, l’humanitaire intervient
  • sinon police et justice sont les interlocuteurs des squats, avec presque toujours l’expulsion au bout.

- Est-ce une expérience négative ?

  • Pas du tout.
  • On y interroge « les modalités du lien social et du vivre-ensemble » ;
  • permet à des groupes relégués de s’insérer dans le tissu des villes (Marseille en est un bon exemple) ;
  • produit des liens de solidarité : ancrages fragiles mais ancrages quand même.

- Les mondes du squat – PUF – 272 p. - 28 €
Table des matières consultable sur le site des éditions PUF