Éthique médicale et précarité : une équation complexe

09 – 318 – ASH 15/05/09 – pp. 30-33
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Ces 4 pages nous paraissent très importantes, convaincus que nous sommes du caractère essentiel de cet interface santé / précarité.

- L’éthique des soignants se heurte aux difficultés des populations vulnérables ; pb ancien mais qui se creuse entre évolution des principes (droits des malades…) et réalités telles que refus de soins, augmentation du reste à charge, abandon de la fonction asilaire de l’hôpital…

-  En 2007, le Comité national d’éthique a traité des enjeux éthiques de la contrainte budgétaire (avis 101) : il faut « réintégrer la dimension éthique »
avis consultable sur le site du CCNE

- Mais comment prendre en charge la santé de personnes qui ne seront pas en mesure de poursuivre les soins (SDF par ex.) ?

  • A Bobigny l’hôpital Avicenne a mis en place en 2007 un appartement associatif (lieu de vie à la journée).
  • L’articulation du sanitaire et du social s’est délitée à la fin du 19° siècle ; elle redevient une ambition affichée mais reste à construire.

- Le Centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin a pour mission d’aider à la décision médicale éthique difficile : « tiers neutre » qui entend, délibère (pluridisciplinaire) et restitue les débats.

- Il est régulièrement saisi de cas où la précarité est présente dans la réflexion et témoigne de la difficile confrontation entre les principes d’égalité et de justice : à situation clinique égale, la même décision n’est pas forcément la meilleure dans tous les cas.

  • Il a mené une enquête de terrain avec urgences Cochin, PASS Hôtel-Dieu et service « santé mentale et exclusion sociale » Ste-Anne : attentes claires et différentes des patients selon leur degré de marginalisation avec adéquation entre demande et prise en charge proposée.
  • Plus l’exclusion est forte et ancienne, plus la demande est médicale et ponctuelle (urgences). « Faut-il (…) respecter ce que les personnes expriment comme une demande »…les professionnels demandent moyens adaptés au degré d’exclusion : accompagnement et non-abandon.
  • FNARS : dépend de « l’objectif que la société se fixe à l’égard des plus précaires ».
  • Les demandes exprimées ne correspondent pas toujours aux besoins
  • (cf. étude Médecins du Monde / AP-HP Marseille sur les sans-abri consultable sur le site de MDM).
  • Adapter sans obliger, posture de « l’aller vers » : « Si on propose quelque chose d’acceptable pour elles, les personnes peuvent entrer dans un parcours » (FNARS)
  • Il y a un « chaînon manquant » : pourquoi pas des équipes pluridisciplinaires aux urgences ?
  • L’avis 87 du CCNE traite de refus de traitement et autonomie de la personne : pour le médecin, « respecter un malade c’est avant tout lui donner le sentiment, que , quelle que soit sa décision, il ne l’abandonnera pas à son sort » (avis consultable sur le site du CCNE)
  • Pour maintenir les liens, il faut décloisonner les pratiques : travail en réseau, médiations…

- M. Ameisen (CCNE) : il faudrait s’intéresser plus aux inégalités sociales de santé (espérance de vie…) et chercher à démonter les déterminismes sociaux : affirmer des droits ne suffit pas.

Les plans (personnes âgées…) sont louables mais manquent de vision globale et laissent « toujours dans l’ombre des formes de souffrances qui n’ont pas été définies comme prioritaires »