Réactions aux annonces de M. Sarkozy et un entretien : « L’école n’est pas un sanctuaire »

09 373 – ASH 05/06/09
:) :)   :(
Nous aimons beaucoup ; la pédagogie est le remède, il faut enseigner et pas seulement socialiser. La seule ombre au tableau c’est que nous n’allons pas dans ce sens…, et c’est une ombre de taille !!! (dans le précédent numéro, un entretien avec M. Debarbieux peut enrichir celui-ci)

Voir Annonces de M. Sarkozy sur la sécurité dans les établissements scolaires, et des réactions

et Annonces de M. Sarkozy sur la lutte contre la délinquance dans les banlieues sensibles et les écoles et lancement d’un futur plan de lutte contre la délinquance

- Syndicats d’enseignants et Associations d’élus dénoncent la prédominance du sécuritaire au détriment de la prévention.
- ARF & ADF : déclarent rejoindre « toute la communauté éducative pour dénoncer les raccourcis et la démagogie »
- Le syndicat des personnels de direction juge ces mesures impraticables

Entretien avec Mme Cécile Carra, sociologue

- Les violences scolaires augmentent-elles ?

  • On a des stats depuis les années 1990 dans divers pays et il n’y a pas d’augmentation.
  • Ce sont des observations « scientifiques » et fondées (enquêtes de victimisation notamment).

- Et s’aggravent-elles ?

  • Pour l’essentiel ce sont de « petits faits répétitifs » qu’il faut prendre en compte bien sûr.
  • En primaire, bagarres dans la cour ; en collège, violences verbales.
  • Les agressions à l’égard des enseignants n’ont pas augmenté.

- Ne sont-elles pas sous-déclarées ?

  • Oui, même si c’est difficile à évaluer.
  • Mais les violences graves sont très bien enregistrées.

- Touchent-elles de la même manière l’ensemble des établissements ?

  • Non, les pbs se concentrent « dans les zones de relégation » (cumulant difficultés sociales et éco)
    On peut expliquer cela de 4 manières :
  1. Dire que la violence vient de l’extérieur et infiltre l’école : « évite de mettre en cause les institutions, (…) de renvoyer le pb vers violences urbaines, responsabilité des parents »… et conforte une vision sécuritaire.
  2. Dire que c’est lié à l’augmentation des inégalités sociales et scolaires : on parle d’égalité des chances mais le contexte est inégalitaire, nourrissant un sentiment d’injustice qui peut aller jusqu’au passage à l’acte.
  3. Dire que l’école peut favoriser la violence : sélection, pratiques parfois discriminatoires, voire ethnicisantes (classes de mauvais élèves…)
  4. Dire que l’écart grandit entre une population à mille lieux des normes scolaires et des enseignants issus des classes moyennes et supérieures (niveau requis) ;
    s’il n’y a plus de « connivence culturelle » élèves / enseignants, des comportements « juvéniles » apparaissent violents « dans une société où le sentiment d’insécurité est prégnant ».

- Certains établissements s’en sortent mieux que d’autres, à quartier égal. ??

  • Quand il y a cohésion de l’équipe dans une logique pédagogique, ça marche mieux.
  • Si la cohésion vise « à se protéger des élèves, dans une logique défensive (…) tout incident va être lu au travers ud prisme de la violence »…

- La violence produit un mal-être des enseignants.

  • Il y a une « détérioration de la reconnaissance sociale du métier » ; leur manière de percevoir des incidents comme violents en est un indicateur.
  • Et ils subissent une pression croissante sur le plan des résultats : on renvoie les mauvais résultats à leur responsabilité, alors qu’est en jeu aussi le fonctionnement de l’institution.

- Les représentations comme « La journée de la jupe » vous paraissent-elles exagérées ?

  • Elles contribuent à l’image d’un métier à risque qui est loin d’une réalité faite de micro-violences, de chahut, d’indifférence à la matière enseignée.
  • Envoyer la police ne règlera rien : on sait que les choses dérapent lorsque l’enseignant renchérit sur le comportement de l’élève, par ex.
  • La grande réalité des cas relèvent de réponses pédagogiques. « Et pas seulement en matière de socialisation (…) le sens de l’école réside dans la transmission des savoirs. A partir du moment où elle ne fait plus que socialiser les élèves, elle perd de son sens et la culture du quartier y pénètre d’autant plus facilement qu’elle devient un simple lieu d’accueil »

- Ne faudrait-il pas ouvrir les établissements sur leur environnement plutôt que les barricader ?

  • Cela permet de meilleures relations. C’était l’idée des ZEP : travailler avec des partenaires extérieurs dans le cadre de la politique de la ville.

- Dans le même esprit on peut se reporter à l’entretien avec M. Debarbieux, in Annonces de M. Sarkozy sur la sécurité dans les établissements scolaires, et des réactions