Quartiers prioritaires : un rapport préconise la suppression des ZUS & un entretien

09 608 –ASH–02/10/09 p. 7-8 & 36-37
:) :)  ?
Là c’est réellement intéressant ; pistes concrètes, bien complétées par l’entretien. Cela reste à suivre mais avec l’article du numéro 8 auquel nous vous reportons en prime, on a déjà un corpus qui permet d’avoir une esquisse des débats en germe.

La révision de la géographie prioritaire et la contractualisation de la politique de la ville

Rapport Hamel & André remis au Premier Ministre

-  Bilan de l’existant :

  • les territoires d’intervention se « sont étendus et juxtaposés sans cohérence », + d’autres dispositifs, « logique d’empilement ».
  • « Cette action par zonage n’a pas fait la preuve de son efficacité » : écarts pas vraiment réduits avec le reste de la ville (notamment c/ emploi).
  • « Effets pervers » : action confinée aux quartiers, appliquée de façon uniforme, n’implique pas assez les acteurs locaux : défavorable à la mobilisation.

- Suggère de sortir de ce « zonage trop strict » :

  • supprimer les ZUS et définir « l’éligibilité à la politique de la ville au niveau de la commune et non plus du quartier »
  • Avec des critères comme
    • taux de chômage,
    • part de HLM,
    • de bénéficiaires minima sociaux…
    • mais aussi potentiel financier de la commune.

- Un contrat global et unique de 6 ans (durée d’un mandat municipal) entre l’Etat et ces villes fixerait les territoires d’intervention à partir d’un diagnostic local partagé

- Il se substituerait aux outils actuels.

  • actions spécifiques politique de la ville (PRE, CUCS – échéance fin 2010-, VVV…)
  • et les autres dispositifs « Etat » : accompagnement social des rénovations urbaines, plans locaux pour l’insertion, maisons de l’emploi, actions EN….

- Matignon : le rapport servira de base « à une large concertation ».

-  A noter  : cette question a fait l’objet d’un colloque avec des sociologues à Lyon , voir Un colloque sur la politique de la ville : le modèle communautaire américain tente les sociologues français

Entretien avec Mme Morel, docteur en Sciences Politiques

- Approuvez-vous le constat d’une politique de la ville devenue rigide et complexe ?

  • La forme contractuelle des CUCS apparaît « figée et procédurière (…) et sa capacité d’animation partenariale s’est tarie »
  • C’est un modèle unique qui s’applique à des territoires très divers aux difficultés hétérogènes.

- Le rapport estime que cette politique n’a pas été efficace. N’est-ce pas sévère ?

  • A l’origine, les ZUS reposaient sur la contrainte qu’avaient les services de l’Etat et des collectivités de s’impliquer sur ces territoires en difficulté.
  • Mais le zonage a mis à l’écart ces territoires au lieu de les intégrer. Il faudrait les aider « tout en les rattachant à un ensemble plus vaste ».
  • Les ZUS sont devenues « des objets en soi de la politique de la ville » ; pourtant la population s’y renouvelle, même s’il y a des indicateurs négatifs.

- Vous préconisez de repenser la géographie prioritaire à la lumière de la mobilité résidentielle des populations défavorisées… ??

  • Le lien entre pauvreté et territoire a bougé : dans les années 70-80 la pauvreté se concentrait surtout dans les quartiers d’habitat social, mais aujourd’hui elle est plus diffuse.
    Une grande partie des personnes pauvres vit en dehors des ZUS ; périurbain, rural, tissu urbain interstitiel.
  • Pour les prendre en compte, il ne reste que la « politique universaliste d’action sociale », et nous manquons de données sur cette mobilité.

- Quelle serait l’échelle pertinente des nouveaux territoires, la commune préconisée par le rapport ?

  • Il ne faut pas la figer, mais « différencier le périmètre » selon les spécificités des territoires et articuler « traitement individuel universaliste de l’action sociale et traitement collectif de la politique de la ville »

- Sortir de l’alternative publics-territoires, mais comment combiner action sociale et politique ville ?

  • « L’intervention territoriale n’exclut pas l’approche individuelle qui fonde l’action sociale »
    Les politiques sociales universalistes ont été décentralisées et certains Dpts réfléchissent à une territorialisation de l’intervention….
    - Il faut des diagnostic et projet de territoire (politique sur mesure articulant les 2 dimensions) + articulation avec politiques logement et habitat.

- Mais les logiques professionnelles des travailleurs sociaux et des acteurs territoriaux sont-elles conciliables ?

  • Parfois difficile (question du secret professionnel notamment chez les travailleurs sociaux) mais quand l’intérêt de ce travail commun est compris, « cela devient très efficace ».